mercredi, 23 novembre 2005
Les inédits de Buk : comme disait Dieu...
à la salope qui a pris mes poèmes
certains disent que nous devrions garder quelques remords personnels du
poème,
rester abstraits, et il y a un peu de vrai là-dedans,
mais jésus ;
douze poèmes partis et je ne garde pas de copies " carbone " et tu as mes
peintures aussi, mes meilleures ; j’en suffoque :
essayes-tu de me presser tel un citron comme tous les autres ?
pourquoi n’as-tu pas pris mon argent ? ils le font d’habitude
dans mon pantalon saoul et endormi qui vomit dans le coin.
la prochaine fois prends mon bras gauche ou un billet de cinquante
mais pas mes poèmes :
je ne suis pas Shakespeare
mais un jour simplement
il n’y en aura plus aucun, abstrait ou autre ;
il y aura toujours de l’argent et des salopes et des pochards
jusqu’à l’ultime bombe,
mais comme disait Dieu,
en croisant les jambes,
je vois où j’ai fabriqué plein de poètes
mais pas tellement de
poésie.
Charles Bukowski
Extrait de It Catches My Heart in Its Hands (1963) repris dans Burning in Water Drowning in Flame (Selected Poems 1955-1973), Santa Rosa, Black Sparrow Press, 1999, 16.
Traduction : Éric Dejaeger
to the whore who took my poems
some say we should keep personal remorse from the
poem,
stay abstract, and there is some reason in this,
but jezus;
twelve poems gone and I don't keep carbons and you have
my
paintings too, my best ones; it's stifling:
are you trying to crush me out like the rest of them?
why didn't you take my money? they usually do
from the sleeping drunken pants sick in the corner .
next time take my left arm or a fifty
but not my poems:
I'm not Shakespeare
but sometime simply
there won't be any more, abstract or otherwise;
there'll always be money and whores and drunkards
down to the last bomb,
but as God said,
crossing his legs,
I see where I have made plenty of poets
but not so very much
poetry.
14:33 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
J'adore la fin ! Yèkyèkyèk !
Écrit par : Rick Hunter | mercredi, 23 novembre 2005
Ben oui c'est le clou (comme disait Jésus)
Écrit par : Ray | mercredi, 23 novembre 2005
Buk, y a pas à dire, il coupe la chique à pas mal de monde.
Écrit par : Rick Hunter - Président des Saoulréalistes du Hainaut | mercredi, 23 novembre 2005
ouaip ! you're true Rick
il coupe aussi le chic
le buk !
le '"chic" du poète
Bukowski "ramène" la poésie à sa juste mesure
(et nous conviendrons que cette "mesure" est relative :
- saké au Japon
-chimay bleue en Gelbique
- Anjou villages ailleurs dans le vaste monde
Écrit par : hozan kebo | mercredi, 23 novembre 2005
et d'en haut;très haut je crois,dieu qui "élit" haut à défaut de bas n'aura jamais la chance de vomir dans un coin.
mais buko lui en plus d'écrire divinement (mais attention avec crise foie...)tourneboule les coins poétiques.
wouhou
Écrit par : oblomov | jeudi, 24 novembre 2005
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