jeudi, 28 juillet 2005
Borges ou la magie
Borges, Jorge Luis, écrivain et autodidacte, né dans la ville de Buenos Aires, alors capitale de l’Argentine, en 1899… Ses préférences allèrent à la littérature, à la philosophie et à l’éthique : palimpseste
Si un homme traversait le paradis en songe, qu’il reçût une fleur comme preuve de son passage, et qu’à son réveil, il trouvât cette fleur dans ses mains… que dire alors ?
Enfant je m’étonnais que les lettres d’un volume fermé ne se mélangent pas et ne se perdent pas au cours de la nuit.
Aux environs de 1938, Paul Valéry écrivait : «Une histoire approfondie de la littérature devrait donc être comprise, non tant comme une histoire des auteurs et des accidents de leur carrière ou de celle de leurs ouvrages, que comme une histoire de l’esprit en tant qu’il produit ou consomme de la littérature, et cette histoire pourrait même se faire sans que le nom d’un écrivain y fut prononcé».
Dunraven, expert en romans policiers, pensa que la solution du mystère est toujours inférieure au mystère lui-même. Le mystère relève du surnaturel et même du divin ; la solution de la prestidigitation.
Supposons que je sois sur le point d’écrire une fable, et que deux arguments s’offrent à moi ; ma raison reconnaît que le premier est très supérieur ; le second est résolument médiocre, mais il m’attire. Dans ce cas-là, j’opte toujours pour le second. Chaque page nouvelle est une aventure dans laquelle nous devons nous mettre en jeu.
Au huitième chant de l’Odyssée, on lit que les dieux tissent des malheurs afin que le générations futures ne manquent pas de sujets pour leurs chants.
Un mobile qui est en A ne pourra jamais atteindre le point B, parce qu’il devra auparavant parcourir la moitié de la distance qui les sépare, et auparavant la moitié de la moitié et d’abord la moitié de cette moitié de cette moitié, et ainsi jusqu’à l’infini.
Qu’un individu veuille évoquer chez un autre individu des souvenirs qui n’appartiennent qu’à un troisième, voilà un paradoxe évident. Réaliser en toute tranquillité d’esprit un tel paradoxe, c’est l’innocent objet de toute biographie.
Que peut m'importer ce qui est arrivé à un écrivain sud-américain, appelé Jorge Luis Borges, durant le XXe siècle ? Cela veut dire qu'il y a quelque chose en moi, il y a quelque chose en moi d'éternel, qui est étranger à mes circonstances, à mon nom, et à mes aventures. Je crois que ceci, nous l'avons tous ressenti, non ? Et il me semble que c'est un sentiment véridique, celui d'une racine secrète que l'on possède et qui est au-delà des faits successifs de la vie.
Je ne puis regretter la perte d’un amour ou d’une amitié sans songer qu’on ne perd que ce qu’on n’a pas réellement possédé.
Le courage est une des rares vertus dont les hommes sont capables.
Nous ne pouvions nous leurrer, ce qui rend difficile le dialogue.
Les miroirs et la copulation sont abominables, parce qu’ils multiplient le nombre des humains.
Seules perdurent dans le temps les choses qui n’appartiennent pas au temps.
La nature de tout langage est d’être successif, par conséquent de se prêter mal au raisonnement sur l’éternel ou l’intemporel.
L’univers (que d’autres appellent la Bibliothèque)…
Dunne pose que l’avenir, dans ses détails et ses vicissitudes, existe déjà. C’est vers un avenir préexistant (ou à partir de lui, comme le préfère Bradley), que s’écoule le fleuve absolu du temps cosmique, ou les fleuves mortels de nos vies.
L’homme qui ordonna la construction, aux frontières de la Chine, d’une muraille presque infinie, fut ce même empereur, Chi Hoang-ti, qui fit également brûler tous les livres antérieurs à lui.
Confucius déclara à ses disciples que si le destin lui avait accordé cent années supplémentaires de vie, il en aurait occupé la moitié à l’étude du Yi-king, et l’autre moitié à celle de ses commentaires.
Tous les arts tendent à la musique, cet art dans lequel la forme est le fond.
Le temps est un fleuve qui m’emporte, mais je suis le fleuve ; c’est un tigre qui me déchire, mais je suis le tigre. C’est un feu qui me consume, mais je suis le feu. Le monde, malheureusement, est réel ; moi malheureusement, je suis Borges.
Il lui échut, comme à tous les hommes, de vivre dans des temps malheureux.
Tout homme cultivé est un théologien, et pour l’être, la foi n’est pas indispensable.
Puisque le bonheur n’est qu’un état passager qui ne présage rien de bon, ce qu’il faut rechercher est moins le bonheur que la sérénité.
Tout est brouillon en effet, l’idée de texte définitif ne relevant que de la religion ou de la fatigue.
Création graphique de Brigitte Marmol et palimpseste de Raymond Alcovère parus dans la revue L'instant du monde n° 5, réalité de l'illusion.
00:05 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
"Les miroirs et la copulation sont abominables, parce qu’ils multiplient le nombre des humains."
M'eût-on dit que cette phrase était de Cioran, je l'eusse cru. (pour imiter un compatriote)
Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | jeudi, 28 juillet 2005
Vraiment, Rick, l'eusses-tu cru ?
Écrit par : La Mère Michèle | samedi, 30 juillet 2005
Naïf comme je le suis, certainement. Il s'agissait d'imiter unE et non pas un compatriote.
Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | samedi, 30 juillet 2005
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