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dimanche, 27 février 2005

La double mémoire de David Hoog

C’est dans l’ombre souple, furtive et inquiétante de Kafka que nous emporte Roland Fuentès avec ce court roman. Un Kafka solaire, lumineux, nourri de cette lumière du sud qui sera une si grande révélation pour Nietzsche. L’histoire se passe entre Marseille, Cassis et la Ciotat. Et ce n’est pas une des plus minces réussites de ce roman que ce décalage constant entre cette lumière dionysiaque et l’ombre inquiétante du scénario qui déroule méthodiquement ses méandres, imperturbable. Car il s’agit bien d’un combat, que n’aurait pas renié Kafka. Un combat entre deux mémoires, entre deux âmes qui se disputent un corps. Le roman est construit en spirale, on est pris dans son tourbillon. Encore un paradoxe, assumé et réussi, alors que le temps est le nœud de l’affaire, tout se passe dans un présent intemporel, presque magique, en phrases courtes, retenues, et en même temps empreintes de lyrisme. La calanque est déserte encore au milieu de la matinée. Seuls quelques enfants l’animent, petites flammèches posées sur les roches. Des mouettes silencieuses couvrent la paroi du grand tombant. La mistral a glacé la mer en quelques jours, aucun nageur n’en trouble plus l’étale aux reflets argentés. Le territoire des mouettes. Et des fous. (...) A travers le Velux, de grands oiseaux projettent leur ombre sur le sol. Des valses lentes naissent là, de leurs mouvements alanguis.On jurerait que des créatures montées du fond du parquet reprennent vie à la surface de la mer et du ciel.(...) David Hoog attend, installé à la terrasse du Marigny. C'est une sensation étrange que d'attendre, pour le plaisir sans doute, un événement encore indistinct. Peut-être le flot des passants qui s'épaissit, avivant son chatoiement, lui offrira-t-il l'image attendue.
Editions A contrario. Roland Fuentès a reçu le prix Prométhée de la nouvelle en 2003 pour « Douze mètres cubes de littérature » (éditions du Rocher).
Il dirige la revue Salmigondis.

Commentaires

Que tu fiches rien de la semaine, Ray, c'est en somme banal; mais te voir bosser le dimanche,alors là !...

Écrit par : P.A.G | dimanche, 27 février 2005

C'est la double vie de Ray !

Écrit par : JJM | dimanche, 27 février 2005

Tous les hommes se divisent, en tout temps et de nos jours, en esclaves et libres ; car celui qui n’a pas les deux tiers de sa journée pour lui-même est esclave, qu’il soit d’ailleurs ce qu’il veut : homme d’état, marchand, fonctionnaire, savant. (Nietzsche)

Écrit par : Ray | dimanche, 27 février 2005

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