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vendredi, 15 février 2008

Les faits auront parlé pour moi (Une lettre imaginaire d’Emile Zola)

9a548936ce8e4c1fe594b61d36019911.jpgMa vie a été je crois, pleine et entière. Une force m’a poussé sans cesse vers l’action, vers la poursuite d’un monde meilleur. Très tôt j’ai découvert que je possédais une arme, c’était ma plume, et j’ai décidé de m’en servir. Que de combats et de luttes ! Quand je regarde en arrière je me demande bien sûr si tout cela a servi à quelque chose, mais quand on a vu la souffrance des hommes, on a observé sans relâche les ressorts réels de la société, peut-on rester inactif, silencieux ? En ce qui me concerne, je n’ai pas pu et j’ai utilisé tout ce qui était en mon pouvoir pour y arriver, pour y contribuer en tout cas. Je ne suis pas sûr que tous mes choix aient été les bons. Au nom de ce combat et au nom de tout ce qui fait une vie d’homme, j’ai commis des erreurs, je le sais. Je pense à toi Paul, à notre amitié plus forte que tout et pourtant… A un moment un océan nous a séparés. Il y avait tous les espoirs que nous portions, nos jeunes années. Aussi, n’ai-je pas compris tes doutes, tes renoncements, au moment où j’étais engagé dans cette lutte si difficile. C’était le contraire de mes choix et je crois avoir mûrement réfléchi en écrivant ce livre. Nous chemins se sont séparés. Les miens ont été semés d’embûches, ta vie sans doute plus apaisée. Pourtant je ne regrette rien. Je crois que les faits auront parlé pour moi.

 

 

Raymond Alcovère (inédit)