dimanche, 24 mai 2009
Lenz
Le 20 janvier Lenz marchait dans la montagne. Sommets et hautes pentes sous la neige, dévalant les combes, pierraille grise, pentes verdoyantes, rochers et sapins.
Il faisait un froid humide ; l’eau ruisselait des rochers et bondissait sur le chemin. Les branches des sapins pendaient lourdement dans l’air mouillé. Des nuages gris filaient dans le ciel, mais tout si opaque - et le brouillard d’en bas s’épanchant en vapeurs lourdes et humides à travers les frondaisons, si paresseux, si pesant.
Il avançait, indifférent, sans se soucier du chemin, tantôt en montée, tantôt en descente. Il n’éprouvait aucune fatigue, la seule chose qu’il trouvait désagréable par moments, c’était de ne pouvoir marcher sur la tête.
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mardi, 26 décembre 2006
Le sentiment qu’il y a de la vie dans ce qui a été créé
Il dit : les poètes dont on dit qu’ils nous donnent la réalité n’ont pas non plus la moindre idée de ce qu’est la réalité ; mais ils sont malgré tout plus supportables que ceux qui veulent la transfigurer. Il dit : le bon Dieu a fait le monde comme il devait l’être et nous ne gribouillerons assurément rien de mieux ; notre unique effort doit consister à l’imiter autant que possible dans nos créations. J’exige en tout – vie, possibilité d’exister, cela suffit. Et il n’est plus besoin dès lors de se poser la question de savoir si c’est beau ou laid. Au-delà de ces deux termes, le seul critère en matière d’art est le sentiment qu’il y a de la vie dans ce qui a été créé.
Büchner, Lenz
Frédérique Azaïs : "Bleu"
11:43 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art, littérature, peinture, Büchner, Lenz, Frédérique Azaïs