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lundi, 25 août 2008

Régime balzacien

balzac2.jpg« Je me couche à six heures du soir ou à sept heures comme les poules ; on me réveille à une heure du matin et je travaille jusqu’à huit heures ; à huit heures, je dors encore une heure et demie ; puis je prends quelque chose de peu substantiel, une tasse de café pur et je m’attelle à mon fiacre jusqu’à quatre heures ; je reçois, je prends un bain, ou je sors, et après dîner, je me couche » 

Balzac

Balzac par Rodin

dimanche, 24 août 2008

Savoir bien écrire mal, dis-je quelquefois.

C'est Léautaud à l'apéro, à lire ici

vendredi, 22 août 2008

Rentrée Nouvelles 2008 à Forcalquier 22-25 août 2008

RNweb.jpgPremière manifestation d´envergure autour de ce genre littéraire depuis la disparition du festival de la nouvelle de Saint-Quentin

Avec notamment Pierre Autin-Grenier

Voir toutes les infos ici

L'aventure humaine

« Depuis toujours, je forme ce projet d’écrire à qui serait situé à des milliers de kilomètres et d’années de ma propre existence, à un être sans attaches, sans croyances, sans amours, et seulement capable d’émotion pour ce qui importe : l’aventure humaine. »

Philippe Sollers, Une curieuse solitude

lundi, 18 août 2008

Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir

lichtenstein12.jpg« J’aime écrire, tracer les lettres et les mots, l’intervalle toujours changeant entre les lettres et les mots, seule façon de laisser filer, de devenir silencieusement et à chaque instant le secret du monde. N’oublie pas, se dit avec ironie ce fantôme penché, que tu dois rester réservé, calme, olympien, lisse, détaché ; tibétain en somme… Tu respires, tu fermes les yeux, tu planes, tu es en même temps ce petit garçon qui court avec son cerf-volant dans le jardin et le sage en méditation quelque part dans les montagnes vertes et brumeuses, en Grèce ou en Chine… Socrate debout toute la nuit contre son portique, ou plutôt Parménide sur sa terrasse, ou encore Lao-Tseu passant, à dos de mulet, au-delà de la grande muraille, un soir… Les minutes se tassent les unes sur les autres, la seule question devient la circulation du sang, rien de voilé qui ne sera dévoilé, rien de caché qui ne sera révélé, la lumière finira bien par se lever au cœur du noir labyrinthe. Le roman se fait tout seul, et ton roman est universel si tu veux, ta vie ne ressemble à aucune autre dans le sentiment d’être là, maintenant, à jamais, pour rien, en détail. Ils aimeraient tellement qu’on soit là pour. Qu’on existe et qu’on agisse pour. Qu’on pense en fonction d’eux et pour. Tu dois refuser, et refuser encore. Non, non et non. Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir. »

Philippe Sollers, Le Secret

Roy Lichtenstein

dimanche, 17 août 2008

A propos d'"Un Vrai roman"

Voir ici

Zephora

209.jpgMais à l'âge déjà un peu désabusé dont approchait Swann et où l'on sait se contenter d'être amoureux pour le plaisir de l'être sans trop exiger de réciprocité, ce rapprochement des cœurs, s'il n'est plus comme dans la première jeunesse le but vers lequel tend nécessairement l'amour, lui reste uni en revanche par une association d'idées si forte, qu'il peut en devenir la cause, s'il se présente avant lui. Autrefois on rêvait de posséder le cœur de la femme dont on était amoureux; plus tard sentir qu'on possède le cœur d'une femme peut suffire à vous en rendre amoureux. Ainsi, à l'âge où il semblerait, comme on cherche surtout dans l'amour un plaisir subjectif, que la part du goût pour la beauté d'une femme devait y être la plus grande, l'amour peut naître - l'amour le plus physique - sans qu'il y ait eu, à sa base, un désir préalable. A cette époque de la vie, on a déjà été atteint plusieurs fois par l'amour; il n'évolue plus seul suivant ses propres lois inconnues et fatales, devant notre cœur étonné et passif. Nous venons à son aide, nous le faussons par la mémoire, par la suggestion. En reconnaissant un de ses symptômes, nous nous rappelons, nous faisons renaître les autres. Comme nous possédons sa chanson, gravée en nous tout entière, nous n'avons pas besoin qu'une femme nous en dise le début - rempli par l'admiration qu'inspire la beauté - , pour en trouver la suite. Et si elle commence au milieu, - là où les cœurs se rapprochent, où l'on parle de n'exister plus que l'un pour l'autre - , nous avons assez l'habitude de cette musique pour rejoindre tout de suite notre partenaire au passage où elle nous attend.

Marcel Proust, Un Amour de Swann

La "Zephora" de Botticcelli, en laquelle Swann voit Odette de Crécy

vendredi, 15 août 2008

Prix Saint-Simon

Un livre pour rappeler, par exemple, que l’élection d’un pape polonais fut, avec le schisme sino-soviétique, l’événement majeur de la seconde moitié du siècle dernier.

Un livre pour dire, premièrement, que Dieu est mais n’existe pas - et, deuxièmement, que le Diable n’est pas le malin que l’on croit, qu’il est l’inintelligence même, la bêtise personnifiée, le mauvais goût, l’ignorance.

Un livre sur l’Eternel Retour entendu comme un test, juste un test, destiné à vérifier que nous désirons assez les choses pour vouloir qu’elles reviennent, à jamais, indéfiniment.

Un livre sur Venise qui, ici, s’écrit « Veni etiam » - viens encore, viens toujours, reviens.

Extraits du Bloc-notes de Bernard-Henri Levy, à propos de Mémoires de Philippe Sollers qui va recevoir le prix Saint-Simon, lire ici

Mon alphabet du lecteur

Arles Oct 2004 (10).jpgReprenant le flambeau de Léopold Revista, voici mon alphabet du lecteur : Il s'agit de donner pour chaque lettre de l'alphabet un auteur et le livre que l'on préfère de lui.

A comme Autin-Grenier et "Toute une vie bien ratée"

B comme Borges et "Fictions"  et comme Baudelaire et "Les Fleurs du mal"

C comme Chateaubriand et les  "Mémoires d'Outre-tombe"

D comme Debord et "La Société du Spectacle" et comme Dumas et "Les Trois Mousquetaires"

E comme ...

F comme Flaubert et "Madame Bovary"

G comme Giono et "Le Serpent d'étoiles"

H comme Homère et "L'Odyssée" et comme Hemingway et "Le vieil homme et la mer"

I comme ...

J comme Joyce et "Gens de Dublin"

K comme Kerouac et "Sur la route"

L comme La Fontaine et "Les Fables" et comme Lautréamont et les "Poésies"

M comme Montaigne et "Les Essais"

N comme Nietzsche et "Le Gai Savoir"

O comme Orwell et "La Ferme des animaux"

P comme Proust et "A la recherche du temps perdu"

Q comme Queneau et "Exercices de style"

R comme Rimbaud et "Les Illuminations"

S comme Sollers et "Femmes" et comme Stendhal et "Le Rouge et le noir"

T comme Tchouang tseu et "Oeuvres complètes"

U comme ...

V comme Voltaire et "Candide"

W comme Wilde et "Le Fantôme de Canterville"

XY comme ...

Z comme Zola et "Germinal"

 A vous de jouer...

 

Photo de Gildas Pasquet

jeudi, 14 août 2008

C'était la pluie.

1524-52.jpg"Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l’avait heurté, suivi d’une ample chute légère comme de grains de sable qu’on eût laissé tomber d’une fenêtre au-dessus, puis la chute s’étendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle: c’était la pluie."

Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Proust à Venise

mercredi, 13 août 2008

Ce que nous appelons talent

"DSC07637.JPGNous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d’un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de «grand talent» dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force; et puis un jour nous nous rendons compte que c’est justement tout cela le talent."

Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Delbar Shahbaz

size:120-120cm
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"feast of angles"

 

dimanche, 10 août 2008

Cuisant comme une pâte...

09.04.06 ANNIV NATHALIE (6).jpg"...on me faisait attendre un instant, dans la première pièce où le soleil, d’hiver encore, était venu se mettre au chaud devant le feu, déjà allumé entre les deux briques et qui badigeonnait toute la chambre d’une odeur de suie, en faisait comme un de ces grands «devants de four» de campagne, ou de ces manteaux de cheminée de châteaux, sous lesquels on souhaite que se déclarent dehors la pluie, la neige, même quelque catastrophe diluvienne pour ajouter au confort de la réclusion la poésie de l’hivernage; je faisais quelques pas de prie-Dieu aux fauteuils en velours frappé, toujours revêtus d’un appui-tête au crochet; et le feu cuisant comme une pâte les appétissantes odeurs dont l’air de la chambre était tout grumeleux et qu’avait déjà fait travailler et «lever» la fraîcheur humide et ensoleillée du matin, il les feuilletait, les dorait, les godait, les boursouflait, en faisant un invisible et palpable gâteau provincial, un immense «chausson» où, à peine goûtés les aromes plus croustillants, plus fins, plus réputés, mais plus secs aussi du placard, de la commode, du papier à ramages, je revenais toujours avec une convoitise inavouée m’engluer dans l’odeur médiane, poisseuse, fade, indigeste et fruitée de couvre-lit à fleurs."

Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Photo de Gildas Pasquet

vendredi, 01 août 2008

La littérature...

picasso2.jpg"La littérature a pour but de découvrir la Réalité en énonçant des choses contraires aux vérités usuelles."

Proust à Paul Morand

Pablo Picasso

 

samedi, 26 juillet 2008

Toute oeuvre d'art...

ARBRE.JPG"Toute oeuvre d'art doit avoir un point, un sommet, faire la pyramide, ou bien la lumière doit frapper sur un point de la boule."

Gustave Flaubert, Lettre à Edma Roger des Genettes, 8 octobre 1879

Photo de Gildas Pasquet

vendredi, 25 juillet 2008

Un inédit de Pierre Autin-Grenier

Cordes sur ciel. 2004 (2).jpgUn couple d’étudiants des Beaux-Arts s’est fait prendre en flagrant délit en train de lire, lui un roman de Zola, elle (ce qui ne va pas manquer d’aggraver sérieusement son cas) un samizdat de V., dans le Lyon-Orléans de dix-huit heures quatre, hier. Trois jeunes recrues frais versées dans la toute nouvelle Police Armée du Peuple ont sans doute voulu faire d’entrée du zèle et afficher ainsi leur ardeur a bien servir le régime en opérant de leur propre initiative ce contrôle-surprise juste avant le départ du train.

La suite à lire ici sur le blog de Martine Laval

Photo de Gildas Pasquet

samedi, 21 juin 2008

Vois

"Vois : j'ai posé sur le papier un point d'encre très
noire; ce feu sombre est l'eau même de la nuit; un
silence d'étoiles échevelées"

Roger Kowalski

dimanche, 08 juin 2008

Sensations

Cezanne's_MSV,_1897.jpgPar les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud, 1870.


"Les sensations formant le fond de mon affaire, je me crois impénétrable"

Cézanne

mercredi, 04 juin 2008

Les Greguerias, for ever

1105741359.jpgLa forme brève invite paradoxalement à la lenteur. On y revient, on la savoure. Le texte court, par le peu de place qu’il occupe, n’envahit pas les pages ni l’emploi du temps. L’aphorisme, le trait, la maxime, légers, primesautiers en apparence, mais parfois incisifs comme un coup de poignard peuvent nous laisser sans défense en quelque sorte. Le court n’a pas bonne presse en Occident – rien de tel au Japon avec l’art du haïku – pourtant que serait-on sans La Rochefoucauld, Vauvenargues, Joubert ou Chamfort ?
Pas ou très peu de moralisme chez Ramon Gomez de la Serna. Les « greguerias » , écrites entre 1910 et 1962, sont plutôt du côté du clin d’œil, de la poésie, du merveilleux, elles ouvrent le regard, le transforment parfois…

 Lorsqu’une femme se repoudre après un entretien, on dirait qu’elle efface tout ce qui a été dit

 Pelez une banane, elle vous tirera la langue

 Le problème avec l’hélicoptère c’est qu’il a toujours l’air d’un jouet

 Les aboiements des chiens sont de véritables morsures

 La lune baigne les sous-bois d’une lumière de cabaret

 La bouteille de champagne a ceci d’aristocratique qu’elle refuse qu’on la rebouche

 Les ailes des automobiles sont comme les moignons des ailes d’avion qu’elles auraient pu être

 Le drapeau grimpe au mât comme s’il était l’acrobate le plus agile au monde

 Lorsqu’une femme marche pieds nus sur les dalles le bruit de ses pas provoque une fièvre sensuelle et cruelle

 Ne disons pas de mal du vent, il n’est jamais très loin

 « Tuer le temps » est une rodomontade de bravache

 L’histoire est un prétexte pour continuer à tromper l’humanité

 Le crépuscule est l’apéritif de la nuit

 Le poisson est toujours de profil

 Le q est un p qui revient de la promenade

 Le pire avec les médecins c’est qu’ils vous regardent comme si vous étiez quelqu’un d’autre

 Les larmes désinfectent la douleur

Ramon Gomez de la Serna. Greguerias. Traduit de l'espagnol par Jean-François Carcelen et Georges tyras. Préface de Valéry Larbaud. Editions Cent Pages, 1992.

lundi, 02 juin 2008

Sur l'ouverture des fenêtres

1341166610.jpg« Dans la précision des assemblages, la rareté des éléments, le poli de la surface, l’harmonie de l’ensemble, n’y a-t-il pas une vertu intrinsèque, une espèce de force divine, quelque chose d’éternel comme un principe ? »

Flaubert

Lire ici quelques éclairages sur son oeuvre

Salvador Dali, "Marché d'esclaves avec apparition du buste invisible de Voltaire"

jeudi, 29 mai 2008

Ce corps saumoné

"La première fut prononcée par la duchesse de Guermantes; je venais de la voir, passant entre une double haie de curieux qui, sans se rendre compte des merveilleux artifices de toilette et d'esthétique qui agissaient sur eux, émus devant cette tête rousse, ce corps saumoné émergeant à peine de ses ailerons de dentelle noire, et étranglé de joyaux, le regardaient, dans la sinuosité héréditaire de ses lignes, comme ils eussent fait de quelque vieux poisson sacré, chargé de pierreries, en lequel s'incarnait le Génie protecteur de la famille de Guermantes."

Marcel Proust, Le temps retrouvé