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mardi, 04 mars 2008

Le coeur de l'homme

174567573.JPG« Le bon Dieu, tu vois, ni les sept étages du ciel ni les sept étages de la terre ne peuvent le contenir. Mais le cœur de l'homme le contient. Alors prends garde, Alexis, de ne jamais blesser le cœur d'un homme. »
Nikos Katantzakis

Photo : Gildas Pasquet 

lundi, 03 mars 2008

INDIGENTS DE DUBLIN

ccf369a8a7f86a875ab573b1efa4018e.jpgUn peu d'Eire, ça fait Dublin !  Eric Dejaeger est un "fondu", comme on dit, de Richard Brautigan, dont il a traduit d'ailleurs bon nombre de poèmes inédits. De retour de Dublin, il propose ici dans ce recueil (agrémenté de superbes photos) une suite de poèmes, où on retrouve sa plume, tour à tour légère, désabusée, caustique, grinçante mais toujours profondément humaine et bienveillante. Eric Dejaeger, avec son acuité habituelle, arrive à renouveler notre regard sur Dublin, pourtant maintenant décrite et racontée par les écrivains qui en ont fait une des villes les plus littéraires du monde (avec Paris, Lisbonne, Venise...). On découvre ici une ville, plus étrange, plus déroutante encore, plus décalée que ce qu'on avait imaginé. Il nous montre l'envers du décor, l'autre face du "miracle irlandais".

Carmelite Church

dans Aungier Street

est surchauffée.

Les bonnes soeurs

ne risquent pas

de se les geler.

Assez bizarrement,

les mendiants

et les clodos

restent dans la rue.

 

INDIGENTS DE DUBLIN : des textes écrits à et sur Dublin pendant une semaine de vacances, dactylographiés et mis en page par l’auteur dès son retour et ce en moins d’une journée, d’où le sous-titre : recueil instantané. Tirage strictement limité à 50 exemplaires numérotés et nominatifs.

Format A5 / Couverture 180gr avec photo en couleur ajoutée / 52 pages sur papier 100gr blanc / Textes imprimés en vert  et illustrés de 12 photos en couleur.

Si intéressé par un exemplaire, contactez l’auteur : ericdejaeger@yahoo.fr

samedi, 01 mars 2008

Les rapports qui seuls l'intéressent

292927832.JPG"Il arrive souvent qu'à partir d'un certain âge, l'œil d'un grand chercheur trouve partout les éléments nécessaires à établir les rapports qui seuls l'intéressent. Comme ces ouvriers ou ces joueurs qui ne font pas d'embarras et se contentent de ce qui leur tombe sous la main, ils pourraient dire de n'importe quoi : cela fera l'affaire." :

Marcel Proust.

Photo : Gildas Pasquet

vendredi, 29 février 2008

Les hommes vont de multiples chemins

1829932381.JPG« Les hommes vont de multiples chemins. Celui qui les suit et qui les compare verra naître des figures qui semblent appartenir à une grande écriture chiffrée qu’il entrevoit partout : sur les ailes, la coquille des œufs, dans les nuages, dans la neige, dans les cristaux et dans la conformation des roches, sur les eaux qui se prennent en glace, au-dedans et au-dehors des montagnes, des plantes, des animaux, des hommes, dans les lumières du ciel, sur les disques de verre et les gâteaux de résine qu'on a touchés et frottés, dans les limailles autour de l'aimant et dans les conjonctures singulières du hasard. On pressent que là est la clé de cette écriture merveilleuse, sa grammaire même ; mais ce pressentiment ne peut prendre aucune forme précise et arrêtée, et il semble se refuser à devenir la clé dernière. Sur les sens des hommes, il semble qu’un alkahest* a été versé. Leurs désirs, leurs pensées ne se condensent qu’un instant seulement. Ainsi leurs intuitions naissent-elles ; mais peu après tout flotte de nouveau, comme auparavant, devant leurs regards.»

* Dissolvant universel des alchimistes

Novalis, Les Disciples à Saïs, début du texte

Photo : Gildas Pasquet

vendredi, 22 février 2008

Le parfait aventurier

c649577884b4c82c41cb50811be2b18f.jpg"La pensée - l'un des rares moyens de transport qui ne soit pas en commun."

Pierre Mac Orlan, Petit Manuel du parfait aventurier

Photo : Desiree Dolron

 

mercredi, 20 février 2008

Lecture concert, Assis sur la falaise

1f7a70acdc22fdd9ffdaefb6e3af445b.jpgMardi 4 mars 2008, à 19 H, à Clermont l'Hérault, entrée libre

Ecriture et voix : Françoise Renaud

Compositions et violon : Frédéric Tari

Mise en scène : Laurent Dhume

04 67 96 31 63

La bonté de la nuit

... Maintenant nous étions dans l'ombre. La lune avait disparu derrière les toits de l'église et glissait vers l'occident. Là-bas, haute, très haute dans le ciel, elle se penchait sur les balustrades, les voûtes, les terrasses du château d'Aumelas dressé là comme calciné, tout droit, par le feu de Dieu, à mi-chemin des astres. Elle se penchait sur ce silence, cette présence pétrifiée hors du temps, cette veille d'une attente d'éternité. A la pointe effilée de la tour, à l'extrême nord, il y avait une chouette aussi immobile que le château et qui, noire sur le ciel, jetait chaque minute une sorte d'appel à la justice du monde sidéral ; désespoir de ces pierres désertes noyées de lune et que le passé n'en finissait plus d'abandonner à jamais. La lune entra par les fins contreforts, dans des salles dont les murs éboulés s'ouvraient sur le gouffre ténébreux des bois de chênes verts. Châtelaine sur la tour, elle semblait contempler, par les trous béants des pierres, son empire. Elle vit la coquille qui dessine comme un soleil de pierre au-dessus d'un trône écroulé. Elle entra dans la pure église plus ouverte sur la nuit que le flanc de son Christ disparu. Longuement entre les tas de gravats elle caressa les murs et s'agenouilla sur d'antiques tombeaux, sans pierre, sans inscription, sans nom. Elle réveilla sous le ciel l'angoisse des voûtes. Puis elle reprit sa haute ascension dans un ciel de lumière, laissant aux grands rouvres, droits sur les crêtes, la royale robe d'un manteau d'ombre...

Max Rouquette, extrait de Vert Paradis

Voir ici le nouveau site de Max Rouquette

mardi, 19 février 2008

La mort de Costesoulane

64a80c22e16132b507164f910769303c.jpgCostesoulane attendait les perdreaux et c'est la mort qui vint. Et la mort qui était pour les perdreaux servit pour lui. Et les perdreaux qui devaient être froids et l'œil voilé à l'heure où le soleil se couche, ce soir étaient encore chauds et vifs, et leur sang qui devait rougir le gravier bleu de la forêt était encore tapi dans la ténèbre de leurs veines et courait sous la peau à chaque coup pressé de ces cœurs serrés comme des poings de colère. a6d89a6cbf4f834834a03b2f67b10533.jpgMais les pierres eurent leur part de sang rouge, celui de Costesoulane, parce qu'il était dit et écrit qu'en ce jour le sacrifice du sang devait s'accomplir dans ce lieu désert de notre terre, sous un ciel mourant, et dans le souffle d'un vent qui a vu bien d'autres drames. Costesoulane vida sur les pierres toute la chaleur de ses veines, son sang venu de l'obscurité de son cœur et comme surpris de tant de lumière et de tant d'espace, coulait doucement sur la roche et serpentait comme un voyageur de hasard -- il s'accrochait aux fils de l'herbe, aux brindilles du thym, il descendait dans les creux entre les pierres et il fumait doucement et l'air en était tremblant. Costesoulane attendait les perdreaux et il ne savait pas pourquoi il était là, couché sur le ventre, avec cette tendresse qui lui faisait regarder de si près et avec tant de patience les herbes, les pierres et un trou de fourmis.

Max Rouquette, extrait de La mòrt de Còstesolana (Verd Paradis I)

Version originale en occitan parue aux éditions I.E.O.
Traduction française d'Alem Surre-Garcia disponible aux éditions du Rocher.

Plus d'infos sur Max Rouquette sur Cardabelle, le superbe site de Georges Souche

Peintures sur bois de Frédérique Azaïs (20 X 20)

lundi, 18 février 2008

Prophétie

e0712e7d536176b13be0c023b6d744a9.jpg Là
où l'aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
saison de lait
là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
de prunelles plus violent que des chenilles
là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois


là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux



là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d'une ruche
plus ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l'espace et lève
à rebours la face du temps
là où l'arc-en-ciel de ma parole est chargé d'unir demain
à l'espoir et l'infant à la reine,


d'avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
d'avoir gémi dans le désert
d'avoir crié vers mes gardiens
d'avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes


46cafca5836a062645e76864e595b5dc.jpgje regarde
la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
de la scène ourle un instant la lave
de sa fragile queue de paon puis se déchirant
la chemise s'ouvre d'un coup la poitrine et
je la regarde en îles britanniques en îlots
en rochers déchiquetés se fondre
peu à peu dans la mer lucide de l'air
où baignent prophétiques
ma gueule
ma révolte
mon nom.


Aimé Césaire

Photos de Gildas Pasquet

 

samedi, 16 février 2008

Indigents de Dublin (recueil instantané) de Eric Dejaeger

ccf369a8a7f86a875ab573b1efa4018e.jpgUn peu d'Eire, ça fait Dublin !  Eric Dejaeger est un "fondu", comme on dit, de Richard Brautigan, dont il a traduit d'ailleurs bon nombre de poèmes inédits. Retour de Dublin, où il a passé quelques jours pendant les fêtes de fin d'année, il propose ici dans ce court recueil (agrémenté de superbes photos) une suite de poèmes, où on retrouve sa plume, tour à tour légère, désabusée, caustique, grinçante mais toujours profondément humaine et bienveillante. Dublin est sans doute une des villes les plus "littéraires" du monde (personnellement je n'y suis jamais allé mais j'ai l'impression de bien la connaître), pourtant le regard de Eric Dejaeger nous offre une autre ville, plus étrange, plus déroutante encore que ce qu'on avait imaginé.

Dans la foule

sur O'Connell Street

une petite vieille

brandit une pancarte

anti I.V.G. :

"Think of all those children

murdered before being born !"

ou un truc approchant

Se rend-elle seulement compte

qu'elle n'a absolument

plus rien à craindre ?

 

Et voici le poème qui clôt le recueil :

 

Dublin

dit-on

est en pleine croissance

économique.

J'ai rarement vu

autant de clochards

et de mendiants

dans une ville

en pleine expansion.

Joyce pourrait écrire

Dublosers

ou

Indigents de Dublin

INDIGENTS DE DUBLIN : des textes écrits à et sur Dublin pendant une semaine de vacances, dactylographiés et mis en page par l’auteur dès son retour et ce en moins d’une journée, d’où le sous-titre : recueil instantané. Tirage strictement limité à 50 exemplaires numérotés et nominatifs.

Format A5 / Couverture 180gr avec photo en couleur ajoutée / 52 pages sur papier 100gr blanc / Textes imprimés en vert  et illustrés de 12 photos en couleur.

Si intéressé par un exemplaire, contactez l’auteur : ericdejaeger@yahoo.fr

 

jeudi, 14 février 2008

Est-ce qu'on tue le Remords

9b7ecbf4dd14807ae4a6a713ed49df9d.jpgPartir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

Aimé Césaire

Photo : Gildas Pasquet

mardi, 12 février 2008

Fruits

« Autour de Noël les jours sont paisibles comme des fruits alignés dans la paille. Les nuits sont de grosses prunes dures de gel ; les jours de petits abricots sauvages, aigres et doux ».

 

Jean Giono – Philémon

Toute humeur est tumeur

ed03228f5162bc66f3b8ed69e8f308d7.jpg« Toute humeur est tumeur. Il y a des gens qui transforment tout en guérilla. Ils sont dangereux, chefs ou ministres, ils font du gouvernement une faction. Ils ont le sens faussé et le cœur gâté. Le seul moyen de gagner avec eux, c’est de les fuir aux antipodes.»

Baltasar Gracian 

A lire et relire ici 

Photo : Gildas Pasquet 

lundi, 11 février 2008

La littérature et le mal : questionnements

"Après l’avènement du Mal absolu, l’acte de barbarie réside au contraire dans le renoncement même à la poésie." A propos du livre de François Meyronnis : De l’extermination considérée comme un des beaux-arts, lire ici quelques considérations sur la littérature et le mal, après le succès des livres de Michel Houellebecq et Jonathan Littell

vendredi, 11 janvier 2008

Et un portail des livres et des idées !

C'est Nonfiction.fr, ici

Bonne lecture !

01:56 Publié dans Info | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Nonfiction, info, littérature

mercredi, 09 janvier 2008

Dans la campagne aixoise, ce début janvier...

e0a036b4fe5850208a2f64a8e94ddd1c.jpgDans la campagne aixoise, ce début janvier a les couleurs d’un automne tardif. Ocelles claires des chênes verts, fauve des feuilles caduques, dans les arbres touches mélangées de jaune, ocre, vermillon, rouille, reflets ombrés, aspect frêle des feuilles sur le point de chuter, translucides et légères, puis s’effondrant en poussière.  Partout la végétation, en flot inépuisable, dégorge de gigantesques vasques sur les collines, les combes et les ravines. Bientôt les arbres dessineront des pinceaux, dressant leurs nervures dans le gris du ciel. Au milieu, clairsemés, les oliviers. Lumineux et purs comme des incendies, les seuls à irradier de l’éclat quand l’horizon se couvre de gris, décharnés, noueux, rivés à la terre. Le vent se mêle aux forêts dans des vapeurs blanchâtres, traînées de gaze qui couronnent la Sainte-Victoire.

Miracle, en cette saison les journées sont courtes, rares les promeneurs, lumière d’or étalée, formes étagées en volumes. A six heures, nuit noire, les gens s’affairent dans les rues comme en plein jour. Le mistral s’engouffre dans les venelles en bousculant les passants, danse des feuilles sur le soir mauve.

Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, éditions n & b, 2007

samedi, 05 janvier 2008

Il est toi

464402ec93260809981ed631969e19e3.jpgLe Sud, toujours. Au bord de la mer ; Léonore sait qu’elle y restera. Immensité bleue, reflet doux ou violent des vagues. Vie neigeuse de l’écume. Pluie d’étoiles. Le mois de mai est arrivé, brillance, fulgurance, netteté. Un vrai jour de bonheur. Rivière de couleurs qui se fondent en un ciel de lune. Nuances disséminées, chute sans fin du soleil. Maintenant commence Le Temps calme. Gaétan, je sais que tu penses à moi, même quand tu ne m’aimes pas, tu penses à moi, parfois tu ne penses pas à moi, mais tu m’aimes...

Promenade au pied de La Sainte-Victoire. Ciel  vibrant. La cime des arbres baignée de soleil flotte dans le vent-coulis des nuages. Le chant des oiseaux, à le suivre de près, est un langage. Paul Cézanne, je te dédie ce livre, il est à toi, il est toi, merci de m’éclairer.

Raymond Alcovère, extrait de "Le Sourire de Cézanne", roman, éditions n & b, 2007

 

dimanche, 25 novembre 2007

Stratégie de Philippe Sollers

Un livre pour dire, premièrement, que Dieu est mais n'existe pas - et, deuxièmement, que le Diable n'est pas le malin que l'on croit, qu'il est l'inintelligence même, la bêtise personnifiée, le mauvais goût, l'ignorance.

A lire ici

lundi, 05 novembre 2007

L'acte de voir

ba12489f657d85920c52ba18b612dee4.jpgRien de plus apaisant que les fresques de Piero della Francesca. Comme Cézanne, il a poursuivi un chemin solitaire, sans chercher la gloire ni la protection d’hommes influents, préférant l’œuvre aux intrigues du monde. Reste la plénitude, un sentiment d’éternité. Personne n’a imprimé à ses personnages autant de grâce, de sérénité sur les visages, jamais on n’a pu lire une telle absence d’anxiété jusque dans les scènes de violence, de guerre. Visages proches de ceux de Cézanne d’ailleurs, hiératiques, paisibles. L’acte de voir ne se détermine pas à partir de l’œil mais à partir de l’éclaircie de l’être, cette phrase de Heidegger, Léonore la met en exergue de son livre.

Raymond Alcovère, extrait du roman "Le Sourire de Cézanne, éditions n & b

Piero della Francesca, La flagellation du Christ (détail)

Sur Piero lire ici

vendredi, 26 octobre 2007

On ne choisit pas cette passion, elle s'impose

"En réalité, c'est l'expérience intérieure du langage qui me tient, m'entraîne, m'approfondit. On ne choisit pas cette passion, elle s'impose, et Sartre a tort : la littérature n'est pas une névrose, mais un chemin de connaissance de plus en plus magique et précis."

Ph. Sollers, Un Vrai roman