vendredi, 11 décembre 2015
Amour
"Le jour de l'enterrement de sa mère, C. a été piquée par une abeille. Il y avait beaucoup de monde dans la cour de la maison familiale. J'ai vu C. dans l'infini de ses quatre ans, être d'abord surprise par la douleur de la piqûre puis, juste avant de pleurer, chercher avidement des yeux, parmi tous ceux qui étaient là, celle qui la consolait depuis toujours, et arrêter brutalement cette recherche, ayant soudain tout compris de l'absence et de la mort. Cette scène, qui n'a duré que quelques secondes, est la plus poignante que j'aie jamais vue. Il y a une heure où, pour chacun de nous, la connaissance inconsolable entre dans notre âme et la déchire. C'est dans la lumière de cette heure-là, qu'elle soit déjà venue ou non, que nous devrions tous nous parler, nous aimer et même le plus possible rire ensemble."
Christian Bobin
05:04 Publié dans amour, Grands textes, illuminations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christian bobin
Commentaires
Oui, personne ne peut vivre une seconde sans espérer... Aimons-nous.
Christian Bobin parle de l'enfance avec délice, il dit :"Les enfants sont les seules grandes personnes que je connaisse. Les enfants sont des gens du voyage, des âmes de grande circulation..."
"J'aime les enfants de trois ans. Je les vois comme des fous ou des aventuriers du bout du monde. Il n'y a que l'enfance sur cette terre. Je la reconnais d'instinct, même chez ceux qui ont cru l'étouffer sous le poids de leur vie morte. Même chez ceux-là je devine l'enfant de trois ans et c'est à lui que je parle quand je leur parle et c'est lui seul qui est là pour toujours dans le coeur comme dans une salle de classe vide."
Écrit par : abricot | samedi, 12 décembre 2015
Très belle photo. bises.
Écrit par : Ariaga | jeudi, 17 décembre 2015
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