mardi, 25 août 2009
La figure de ses vices et les limites de sa vertu
Une espèce de sévérité de goût qu'il avait, de volonté de n'écrire jamais que des choses dont il pût dire: «C'est doux», et qui l'avait fait passer tant d'années pour un artiste stérile, précieux, ciseleur de riens, était au contraire le secret de sa force, car l'habitude fait aussi bien le style de l'écrivain que le caractère de l'homme et l'auteur qui s'est plusieurs fois contenté d'atteindre dans l'expression de sa pensée à un certain agrément, pose ainsi pour toujours les bornes de son talent, comme en cédant souvent au plaisir, à la paresse, à la peur de souffrir on dessine soi-même sur un caractère où la retouche finit par n'être plus possible la figure de ses vices et les limites de sa vertu.
Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleur
Andrea Mantegna (1431-1506), plafond du palais ducal de Mantoue (Lombardie)
00:15 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marcel proust, mantegna
Commentaires
Si je comprends bien, Ray, chez Proust, on trouve tout ce qu'on veut, comme dans la Bible, le Coran, Le manifeste du parti communiste, mein kampf, Le petit livre rouge de Mao... .
Je maintiens : Proust est réservé à une élite, je ne pige rien après trois lectures de ces extraits, dont deux à jeun (moi, pas les extraits).
Au sujet de la peinture que tu proposes ci-dessus, je suis persuadé que les anges à 7h et 9h, on leur voit le sexe. Ce qui mettrait fin à une très longue polémique.
Écrit par : Éric | mardi, 25 août 2009
Pour dire vrai, oui Proust c'est du même niveau que la Bible et tous les livres que tu cites (sauf mein machin bien sûr !) et ce qui dérange justement chez lui, c'est pas la longueur des phrases, ou le milieu dans lequel il a vécu, non, c'est qu'il a été plus loin que les autres, qu'il va là où ça fait mal, ce qu'on ne veut pas voir en général, lui il y va, il décortique, il dissèque, il analyse, il explique, alors attention danger, il perturbe, il est gênant Proust, alors on l'éloigne, on le méprise, mais il gagnera à la fin, à la fin...
Écrit par : Ray | mardi, 25 août 2009
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