mardi, 09 décembre 2008
Alors je joins ses mains errantes
"Tout ce que nous voyons, n'est-ce pas, se disperse, s'en va. La nature est toujours la même, mais rien ne demeure d'elle, de ce qui nous apparaît. Notre art doit donner le frisson de sa durée avec les éléments, l'apparence de tous ses changements. Il doit nous la faire goûter éternelle. Qu'est-ce qu'il y a sous elle? Rien peut-être. Peut-être tout. Tout, comprenez-vous? Alors je joins ses mains errantes... Je prends, à droite, à gauche, ici, là, partout, ses tons, ses couleurs, ses nuances, je les fixe, je les rapproche... Ils font des lignes. Ils deviennent des objets, des rochers, des arbres, sans que j'y songe. Ils prennent un volume. Ils ont une valeur. Si ces volumes, ces valeurs correspondent sur ma toile, dans ma sensibilité, aux plans, aux taches que j'ai, qui sont là sous nos yeux, eh bien ma toile joint les mains. Elle ne vacille pas. Elle ne passe ni trop haut ni trop bas. Elle est vraie, elle est dense, elle est pleine... "
Paul Cézanne
00:15 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art, peinture, cézanne
Commentaires
une très belle sainte victoire et un très beau message
Écrit par : ginette | mardi, 09 décembre 2008
En effet, ton retour sur le blog Raymond est superbe ! les quelques derniers messages sur Cézanne notamment sont vraiment très forts, les mots sont juste, précis et révélateurs sur le regard que Cézanne posait sur son univers. Merci. Hélène O.
Écrit par : HELENE O | mardi, 09 décembre 2008
Cézanne fera 80 Sainte Victoire, dont une grande moitié à l'aquarelle. Il commence la série une année avant le décès de son père. Celui-ci lui laissera un très confortable héritage. Cézanne était déjà très indépendant, mais, à partir de là il peut réaliser véritablement la peinture à laquelle il croit, sans autre soucis que réussir une toile. D'où la possibilité offerte de cette obsession sur le même sujet. Certaines Sainte Victoire atteignent l'absolu recherché, de quoi avoir des larmes aux yeux... Il est mort en peignant sur le motif, non loin de sa Sainte Victoire...
Écrit par : Jacki Maréchal | mardi, 09 décembre 2008
S'écartant de l'horizon des impressionnistes ,Cézanne consacre plus de quarante toiles à la montagne aixoise,cette "fantastique voilure de rochers blancs " comme la décrit Jean Giono. Réalisées entre 1882 et 1906 ,ces oeuvres constituent un véritable chemin de la Passion .D'abord simple motif en fond de composition ,la masse puissante de la Sainte-Victoire envahit peu à peu la surface de la toile .Aqueduc ,maisons et autres traces de présence humaine disparaissent alors totalement , Cézanne se retrouve à joindre "ses mains errantes "exaltant le massif qui le pousse vers le haut .
Face à montagne ,la peinture de Cézanne (aussi Friedrich, Kandinsky ...) a atteint des sommets.
Écrit par : soulef | mercredi, 10 décembre 2008
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