vendredi, 06 juillet 2007
La transformation en spéculation boursière
Ce n'est pas le dernier numéro, non c'est celui de décembre 2006 du Magazine Littéraire que je viens de lire mais j'y ai trouvé des articles passionnants. Pour fêter ses 40 ans, la rédaction a convoqué quelques écrivains de ces années, pour leur faire parler de leurs livres. Umberto Eco notamment raconte comment il a construit "Le Nom de la rose", Duras "L'amant : "C'est quoi du Duras ?" "C'est laisser le mot venir quand il vient, à sa place de départ, ou ailleurs, quand il passe. Et vite, vite écrire, qu'on n'oublie pas comment c'est arrivé vers soi."
Très intéressant aussi, Philippe Sollers, à propos de "La Fête à Venise" sur les rapports de l'art et l'argent : "... ce qui est en train d'arriver à la peinture, sa confiscation, sa transformation en spéculation boursière. Il y a là la volonté de s'approprier un certain trésor de savoir-faire et de sensations humaines, qui désormais appartiendra aux Maîtres. On cache l'expérience physique qui est derrière les tableaux pour faire d'eux une monnaie qui devient une bourse parallèle sur laquelle il y a spéculation. Le sens est retiré ; la mémoire de l'oeuvre est retirée."
01:44 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Le Magazine littéraire, Philippe Sollers, Umberto Eco, Marguerite Duras
Commentaires
Nuit noire, tempête à réveiller les consciences ...
Une de ces tourmentes du temps qui ramène à l' intensité de la vie dans son appel de Passion ...
Trois heures, je me lève, monte au ponton ... Faut être fou pour sortir par un temps pareil, je dirais plutôt, faut être fou pour ne pas sortir par un temps pareil, pour éviter ce tête à tête avec l' essence de toute chose ...
Vent de circonstance ... ça ne veut rien dire mais j' aime cette expression, pluie vinaigrée, relent de Testament ... Je m' arcboute pour ne pas me laisser entraîner par les bourrasques, c' est sans doute cette résistance nécessaire qui me rend familière des orages ... Je ne suis pas seule sur le pont ... Des bribes de réflexions traversent les mugissements de vagues ... vague à l' âme ... vague à l' astre ... vague de marées ... ça ne veut rien dire mais j' aime bien aussi ...
Et ces mots déposés, résonnés qui parlent de l' écriture et de la peinture ... Méditations instantanées - dans le sens nées de chaque instant - 2 formes de créations, multitude d' états ... Ecrire comme une gestation ... Les mots dorment longtemps avant de s' incarner, ils murissent à l' intérieur ... Sauf pour Testament, là il y avait urgence, survie même, accompagnement d' âmes en dérives ... Urgence et cisèlement ... Dentelles de mots à vifs, c' est un roman dur me dit-on, je ne trouve pas, la réalité de l' instant était ce qu' elle était tragique, douloureuse, poétique, tragiquement poétique ... Testament est ce qu' il est ... Je n' y toucherai plus ... Les personnages du roman à venir trépignent depuis deux ans, ils se sont densifiés à l' intérieur, les doigts me démangent ... Les eaux sont rompues ...
Et puis, il y a l' acte de peindre, pas une gestation mais un combat, un tête à tête, une épreuve à chaque fois, douloureuse, créativement douloureuse, je n' ai rien des Maîtres, d' abord ( d' à bord) jeter les scories de cette image de maître et retrouver le droit à l' imperfection ... Questionnement : qui d' autre que moi peut juger de l' imperfection ( j' en juge, je ne suis pas condescendante avec moi-même), alors, jeter par-dessus bord les scrupules, les modes, les sousmissions aux éventuelles spéculations ... Pas évident de secouer les pelisses des héritages culturels, surtout si cette culture est forte d' expression ... Se frayer un passage au travers des monuments aux morts, des piedestals ( zut, je ne sais plus comment ça s' écrit) aux vivants et oser la recherche du au plus juste par rapport à soi ... Déjà une faiblesse de prétention ... Je vois passer l' arbre d' Ariaga sur les flots, je m' y appuie, bercement de vagues en furies, furie nourricière, furie douce à la vie et je dévide le fil de ma pensée à la mer et à éol ... Merci pour cet échange au creux de la nuit ;-)
Écrit par : Kaïkan | vendredi, 06 juillet 2007
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