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mercredi, 15 novembre 2006

L’élection de Pierre Autin-Grenier à l’Académie Française

medium_tourbillon.jpgUne foule avenante et bigarrée se pressait hier, sous la Coupole, pour la réception à l’Académie Française de Pierre Autin-Grenier, au fauteuil de Jean d’Ormesson. Nombre de ses amis étaient là, déjà académiciens comme Jean-Pierre Ostende, Jean-Claude Pirotte et Gil Jouanard ou en passe de l’être comme Eric Holder ou Christian Garcin. Très élégant dans son costume dessiné par Christian Lacroix, l’œil pétillant et la démarche primesautière, l’ancien soixante-huitard dont on connaît le talent et l’ironie mordante a laissé quelque peu perplexe une partie de ses auditeurs en prononçant l’éloge de l’ancien directeur du Figaro Magazine : « Homme de plume mais aussi de combat et ce qui ne gâte rien, d’une immense culture, Jean d’O - comme l’appelaient ses nombreux amis – s’il n’a cessé de côtoyer les puissants, n’en aura pas moins été un défricheur, un chercheur inlassable de vérité. Seul contre tous, il n’hésitera pas à jouer les trouble-fête après mai 1981, à se dresser courageusement, tel Hugo face à Napoléon III, contre François Mitterrand et à faire du Figaro, le grand journal de la contestation d’alors, un rempart contre la pensée unique et une nécessaire alternative, un scrupuleux antidote (...) C’est à cet homme de résistance que je veux rendre hommage aujourd’hui, c’est ce compagnonnage que je revendique, celui de l’irrévérence et de la libre parole, même si nos convictions ont souvent été diamétralement opposées, concluait-il… » Quolibets et noms d’oiseaux (re)fusèrent alors ci ou là, vite recouverts par les applaudissements d’usage et le sourire entendu de quelques uns. Tout cela fut oublié grâce à l’éloquence vibrante de Angelo Rinaldi qui, prononçant l’éloge de Pierre Autin-Grenier, mit l’accent sur « l’ironie convulsive, l’impertinence consubstantielle du nouvel académicien » : « il n’a jamais voulu appartenir à aucune école, sinon celle des « Moins que rien » , sous lequel un journaliste fort pertinent – cela existe, c’est prouvé, ajoutait-il - avait regroupé, dans les années quatre-vingt-dix, quelques unes des plus solides – et des plus caustiques - plumes du moment. Tels ces écrivains du bâtiment dont Hemingway conseillait au siècle dernier la fréquentation aux débutants, Pierre au teint de gravier (comme l’a surnommé son ami Jean-Jacques Marimbert) n’a cessé d’être prolixe. Lui qui rendit ses lettres de noblesse au curé d’Ars, à l’andouillette et au désert du Kalahari, lui le maître du « fond de court » surprit son monde en montant au filet, par son entrée en force dans le roman grâce à « Friterie-bar Brunetti », qui fleurait bon sa gargotte et redonnait des lettres de noblesse aux classes que l’on appela populaires, et que tout le monde semblait avoir oublié, après ces années de gauche caviar et de droite provo. Fort de ce succès, rien ne l’arrêta plus. Après avoir habilement soutenu le non au référendum de 2005, il entreprit en 2007 son grand virage à droite pour soutenir (victorieusement encore) la candidature de Ségolène Royal à la Présidence de la République. Les attaques redoublèrent. Du haut de sa superbe, il les ignora. Dans la foulée : « Je ne suis pas un bobo ! »  allait devenir le livre-culte de toute une génération, cette fameuse classe d’âge qui souffrait intérieurement mille morts de tant d’idéaux bafoués, de tant de rêves évanouis. Ce pamphlet le propulsa, si j’ose dire, dans notre vénérable académie, dans ce fauteuil même, où avant lui trépignèrent d’aussi illustres écrivains que Cotin, Morville, Esménard, Biot, Curel et autre Romains…

C’est dans un des quartiers du vieux Lyon qu’il affectionne tant, qu’une partie de cette joyeuse assemblée, par un TGV spécialement affrété, s’est rendue ensuite, pour fêter cet irrésistible événement. Et le pouilly-fuissé, comme il se doit, a coulé jusqu’à une heure fort avancée de la nuit ! Les plus vieilles institutions ont aussi leurs moments de folie !

Photo : "Tourbillon" de Michèle Fuxa

 

Commentaires

"Après avoir habilement soutenu le non au référendum de 2005, il entreprit en 2007 son grand virage à droite pour soutenir (victorieusement encore) la candidature de Ségolène Royal à la Présidence de la République." écrivez-vous cher Monsieur Blum. C'est aller un peu vite en besogne et, j'oserais même dire, dans le mur! On sait que P.A.G a toujours voté à gauche aux premiers tours des élections, quelles qu'elles soient, ce qui donc excluait tout vote en faveur du parti de Mme Royal. Relisez la presse de l'époque, L'Hibernation, Le Monstre, La Défaite du Midi et même le Tam-Tam de Toulouse dans lequel le célèbre Marimbert (on y revient toujours!) devant son soutien au candidat PS du second tour à cette fameuse présidentielle de 2007 qualifia P.A.G de "dernier fabusien du faubourg Saint-Honoré" tandis que ce dernier avait lui-même affublé Mme Royal du sobriquet de "Ségolène Rigolade" (ce qui, on le sait fut fatal à la dame).
L'erreur est humaine et je vous fais, cher Monsieur, toutes mes amitiés,

Louis de Cazenave,
dernier survivant français de la bataille du Chemin des Dames.

Écrit par : Louis de Cazenave | jeudi, 16 novembre 2006

Cher Monsieur de. Chez un survivant du Chemin des Dames, on aurait attendu un peu plus de mansuétude à l’égard du beau sexe. Vous mettez le doigt (si je puis dire), néanmoins, sur un point essentiel : le sémillant Marimbert qualifia PAG de fabusien, or si je ne me fabuse, n’est-ce point-là, malgré les dénégations de l’intéressé, le signe d’une droitisation de l’académicien ! Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs, quand on connaît les us et coutumes de cette assemblée sortie tout droit de l’Ancien Régime, habits verts et roulements de tambours !, qui eut pu y résister, oui même lui, le vaillant pourfendeur du CAC 40, que voulez-vous qu’il fit, contre ça ! Sauf votre respect, l’horreur est humaine !
Respectueusement

Écrit par : Ray | jeudi, 16 novembre 2006

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