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mercredi, 22 mars 2006

Le pays de couleur chagrin

(pour Giya Kancheli)
Toute ta présence dans l'attrait de ce village sous la neige.
Il  s'agissait  de trouer  l'espace,  de  dissiper  les  ténèbres
mais l'intense mélodie, véhémente, s'effaçait,
niait le possible retour,
affirmait ses retards, ses motifs de soupir,
se répétait dans des volées de cuivre,
se déformait soudain en notes pantelantes.
Pour qui revenait au pays, tout n'était-il dés lors que contours,
approche austère et insoumise,
double travesti et dissonant ?
La plaine se révélait tantôt résignée,
tantôt revêche et inconstante.
Où étaient donc les couleurs de l'enfance ?
Celles de ta musique ne cessaient de s'altérer, de virer.
Tu l'avais dis Giya : " Le pays de couleur chagrin ".
Pourtant, tout près, le rire des enfants,
la démarche et la souplesse des femmes,
là, l'orange oblique du soleil sur les toits de neige,
plus loin les troupeaux silencieux, les hommes dans de grands gestes.
Cette fugitive et musicale avancée
d'un mirage qui bat dans la poitrine,
cette voix qui appelle entre plume et pierre,
résonnent aujourd'hui de ce que Delacroix avait su reconnaître
dans une autre " musique, tout à coup surgie de l'embuscade,
non plus comme un rapace s'élevant sous l'archet,
ni pour l'oreille où la béatitude
mais pour les muscles, pour les tempes palpitantes ".
Pierre Bouheret, texte paru dans la revue L'instant du monde n° 3, 2003

11:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Comme si j'entendais le son du haut bois ou du violoncelle.
Salut amigo!

Écrit par : Bona | mercredi, 22 mars 2006

oui superbe texte, salud !

Écrit par : Ray | mercredi, 22 mars 2006

L’œil des galaxies


Sur la table figé le grès bleu glacé d’une jarre tandis que dehors le soleil fait bouillir d’épaisses racines. Tu voudrais avoir la fluidité de l’eau et même impatience sonore de cascade, résurgente, saxifrage.

Tisonnant, à peine extirpé des lenteurs de la boue, une langue précaire d’argile et de frissons, quelques mots friables, pour esquisser la trame de l’infini que tu traînes dans ton sillage.

Corps de plomb, l’âme ne pesant rien de plus qu’un fétu emporté par la brise, avec tes contradictions. Le verre s’emplit de sable, quelques gouttes de nuit glissent, sur les tournesols visqueux de la nappe, les rideaux endormis.


Philippe Landreau

Écrit par : Balaceyan | jeudi, 23 mars 2006

Les commentaires sont fermés.