samedi, 03 décembre 2005
Les inédits de P.A.G. (La loge)
C’est une loge d’artiste présentant la bizarrerie d’être située haut en étage et non dans les coulisses, de dimensions tellement réduites qu’il ne peut y tenir qu’un seul artiste à la fois et c’est moi. J’ai mis vingt ans au moins pour habituer mon vertige à ces étages avant de me lancer et pouvoir enfin endosser un petit rôle un rien comique sur la scène de cette malheureuse existence. Autant l’avouer : dès mes débuts je n’étais déjà plus vraiment un jeune premier.
Des années durant j’ai porté le costume rapetassé de toutes parts de l’essuyeur de baffes. Succès garanti pour un salaire ne faisant pas de bruit. Je jouais, cela suffisait à mon contentement. Pour l’ordinaire, un bol de bouillon creux ou deux patates au four faisait l’affaire. Au rebours de certains camarades qui très tôt triomphèrent dans Pirandello, malgré un âge avancé je piétinai des lustres dans Polichinelle. Silencieux, je supportais et ne me suis jamais plaint qu’on ait sous-estimé mon talent.
Aujourd’hui qu’après avoir enduré stoïquement toutes les vicissitudes d’une vie sans éclat voici mon nom en haut de l’affiche, la critique à mes pieds et le public subjugué par la finesse de mon art, j’ai décidé de renoncer aux lauriers, aux sunlights et aux planches plutôt que faire facilement mon profit de ce retournement de situation.
Extrait de « C’est tous les jours comme ça » (inédit).
Des années durant j’ai porté le costume rapetassé de toutes parts de l’essuyeur de baffes. Succès garanti pour un salaire ne faisant pas de bruit. Je jouais, cela suffisait à mon contentement. Pour l’ordinaire, un bol de bouillon creux ou deux patates au four faisait l’affaire. Au rebours de certains camarades qui très tôt triomphèrent dans Pirandello, malgré un âge avancé je piétinai des lustres dans Polichinelle. Silencieux, je supportais et ne me suis jamais plaint qu’on ait sous-estimé mon talent.
Aujourd’hui qu’après avoir enduré stoïquement toutes les vicissitudes d’une vie sans éclat voici mon nom en haut de l’affiche, la critique à mes pieds et le public subjugué par la finesse de mon art, j’ai décidé de renoncer aux lauriers, aux sunlights et aux planches plutôt que faire facilement mon profit de ce retournement de situation.
Je moisirai donc le restant de mes jours rencogné dans l’humeur sombre de cette loge minuscule, à l’abri du monde. Tous ces gens assemblés sont trop sots pour que je me laisse aller et cède à leur adulation. Ils peuvent sans discontinuer lancer leurs bravos et leurs hourras devant la porte du théâtre vide, se tordre le cou au ciel, je me garde bien de seulement leur montrer ma tête par l’unique petite lucarne de dessous les combles. C’est comme ça.
P.A.GExtrait de « C’est tous les jours comme ça » (inédit).
21:45 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Ah c'que c'est beau, dis-donc! On dirait quasi du Marembert!
Écrit par : P.A.G | dimanche, 04 décembre 2005
c'est vrai, ça m'a presque fait penser à du Mirambert aussi!
Écrit par : antoine | dimanche, 04 décembre 2005
oui, mais en nettement mieux, ce qui, avouons-le, n'est pag très difficile ! "PAG est un autre", comme dirait Rambo !
Écrit par : lui-même | dimanche, 04 décembre 2005
Oui mais est-ce que PAG sait faire des pompes sur un seul bras, hein ça vous la coupe ça ?
Écrit par : L'autre | dimanche, 04 décembre 2005
P.A.G est le Cervantes de Carpentras ! Qu'on se le dise !
Écrit par : même lui | dimanche, 04 décembre 2005
Pour PAG, voir l'article du jour sur Guy Debord, un bon filon : écrire une chanson pour Johnny (écrire au journal qui transmettra)
Écrit par : Ray | dimanche, 04 décembre 2005
mais qui s'est, Mironbert, à la fin ? Un apéro ?
Écrit par : coco | dimanche, 04 décembre 2005
C'est un pseudo, le dénommé Mérobert ayant jugé peu digne d'un philosophe ce pourtant élégant patronyme
Écrit par : Ray | dimanche, 04 décembre 2005
Gros poutou (et même tout le reste; avec la langue) à Gina et j'espère que tu as fait pareille avec Simone,Ray ?
Écrit par : coca | dimanche, 04 décembre 2005
A propos de médecin, les deux tiens on devrait les appeler des jean-pierre puisqu'ils vont par paire.
Écrit par : Daniela | dimanche, 04 décembre 2005
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