jeudi, 01 décembre 2005
C'est un rentier de l'esthétique qui a bouffé de l'infini et dévoré cent mille merveilles
C'est que le grand Raymond, vous savez, il a connu le Tonkin, navigué en barcasse de long en large sur le Mékong, passé dans un fauteuil le col des Nuages, écumé les rizières, ce n'est pas simple pilotin : c'est un rentier de l'esthétique qui a bouffé de l'infini et dévoré cent mille merveilles ; le fin fond de l'Indochine ou le fond de sa poche de pantalon pour lui c'est pareil ; - Vous doutez ?... - Authentique pourtant! Il faut l'entendre raconter le temps où il tenait tripot à Bien-Hoa, faisait commerce d'opium, de vieil or et d'annamites. Là-bas il avait une marquise cerclée de brillants à chaque doigt, la moitié de la ville à lui et biberonnait du whisky écossais dans de la porcelaine de Chine. Sa mère, il nous a dit, était restée barmaid à Quincié-en-Beaujolais, son père s'en était allé brocanter quelque part du côté de Laroche-Migennes mais lui, Raymond, sa garçonnière c'était la mappemonde, très simplement.
"Friterie-bar Brunetti", P.A.G.
21:45 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
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