jeudi, 24 novembre 2005
La lutte pour le souvenir
Hier est un arbre aux longs branchages, à l'ombre duquel je suis allongé, abandonné à la mémoire.
Soudain, je regarde, étonné: en longues caravanes, des voyageurs sont arrivés dans le même sentier; les yeux endormis dans le souvenir, ils fredonnent des chansons et évoquent ce qui fut. Et je crois deviner qu'ils se sont déplacés pour s'arrêter, qu'ils ont parlé pour se taire, qu'ils ont ouvert leurs yeux stupéfaits devant la fête des étoiles pour les fermer et revivre l'en allé...
Etendu dans ce nouveau chemin, avec les yeux avides et fleuris des jours lointains, j'essaie vainement d'enrayer le fleuve du temps qui ondoie sur mes faits et gestes. Mais l'eau que je parviens à recueillir reste prisonnière des bassins secrets de mon coeur, dans lesquels, demain, devront s'enfoncer mes veilles mains solitaires
Pablo Neruda
Kupka, Les disques de Newton (1911-1912)
14:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
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