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lundi, 19 septembre 2005

Un extrait inédit de "Friterie-bar Brunetti"

 Quant aux maîtres et aux bourgeois, pour n’être pas né de la dernière couvée je vois bien aussi comment ces protozoaires et leurs sous-fifres comptent s’y prendre, et pas à plusieurs fois, pour nous faire passer le goût du pain, astreindre le populo à leur discipline de caserne et subordonner toutes nos envies de seulement respirer à leur brutal appétit de marchandises, à leur soif jamais apaisée du pouvoir, à leur tyrannique besoin de paraître et se penser  sel de la terre quand ils ne sont qu’espèce en phase terminale.         
       À l’instar de Ginette, de ses cinquante annuités et des poussières pour une pension à piétiner chaque fin de mois dans les files d’attente du bureau de bienfaisance, c’est d’abord tuer le prolétaire au turbin leur programme. User en usine  et partout ailleurs les forces de la bête sans trêve ni merci jusqu’à l’empêcher de jouir du moindre instant de répit. Le travail rend libre, on connaît la chanson! Oh! dans leur calcul d’aujourd’hui il ne saurait surtout s’agir de trente-cinq, ni quarante, ni même cinquante, non, leur petite idée sur la question c’est la semaine des soixante-quinze heures de crève-corps pour tous et jusqu’à soixante-quinze ans ; voilà le carême qu’ils prêchent pour pouvoir, eux, encore rajouter des dentelles à leurs caleçons pendant que nous autres irions quasiment sans culotte au charbon, ben voyons!  J’exagère ? Je divague ? J’extrapole ? — Laissez-moi rire!

        Le bourgeois n’a jamais travaillé de ses mains, c’est même ce qui le caractérise historiquement ; depuis qu’il s’est emparé en sournois des manettes, envoyant pour ce faire le peuple à sa place au casse-pipe, il n’a trouvé son compte, entre deux guerres pour soutenir ses intérêts, que dans l’abrutissement des masses par le boulot et l’hécatombe généralisée des travailleurs transbahutés dès l’aube en bétaillère dans les abattoirs du patronat. C’est comme je vous le dis, et vous ne changerez couic au tableau si vous ne vous décidez enfin à chasser le bourgeois et ses larbins en leur flanquant une bonne révolution aux fesses. —Tous en charrette à Sainte-Pélagie!, voilà l’idéal slogan ; pour rien au monde vous ne m’en ferez démordre.

(Extrait de "Friterie-bar Brunetti" : Pierre Autin-Grenier, à paraître le 6 octobre chez l'Arpenteur)

Tableau de Ibrahim Shahda (1929-1991) : Portrait de l'auteur sur fond marron : voir ici son site
       

11:35 Publié dans Inédits | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

Un grand merci, cher Monsieur.
Je ne connaissais rien de Shahda. Ce que je viens de voir sur son site est simplement extraordinaire. Merci.

Je me réjouis aussi de découvrir cette Friterie-bar...

Bien à vous,
Gaspar L.

Écrit par : Gaspar | lundi, 19 septembre 2005

Merci, d'autres extraits vont suivre. Dans "Toute une vie bien ratée" (disponible en Folio), Pierre Autin-Grenier a écrit un des ses plus beaux textes (à mon avis) sur son amitié avec Ibrahim Shahda ; ça s'appelle : "Monologue avec un ami absent".

Écrit par : Ray | lundi, 19 septembre 2005

Je n’aurai pas trop d’un océan pour m’aider à vivre PAG car c’est une occupation de voir les nuages courir au vent, se déformer, diminuer, s’élever, s’étaler, disparaître furtivement, changer de lumière et d’ombres. Les nuages ne s’amassent pas dans le ciel à ma demande, mais presque ! Personne ne veut me croire si ce n’est une page vierge. Mais l’horizon après l’horizon, et les champs de coquelicots… Écrire, c’est comme un être bienfaisant qui pose la main sur mon épaule. J’ai chaud, un bonheur qui irradie où il faut, même si je ne suis pas sûre d’arriver un jour à écrire quelque chose. Le temps, la vie, cachent tout et ne montrent que la tranche de l’instant. Écrire c’est autre chose, une déclaration d’amour à la vie, et parfois, elle l’accepte. Merci à ceux qui me le font croire en les lisant.

Écrit par : Calou | lundi, 19 septembre 2005

On dirait qu'il a un peu changé de sujet(s), l'ami P.A.G. ! Et c'est tant mieux, je pense : on aurait fini, dans vingt ans, par se lasser.

PS pour Ray : je préférais quand, à droite, on lisait le début du message plutôt que le nom de l'expéditeur. Comment veux-tu que Calou sache que je viens de lui répondre sur un autre sujet ? Elle devra lire tous les nouveaux messages pour tomber dessus. Tu pousses au clic, là, Ray.

Écrit par : Rick Hunter - Président des saoulréalistes du Hainaut | lundi, 19 septembre 2005

Pour le clic j'y suis pour rien Rickly, c'est haut effort ! Pour P.A.G. non plus d'ailleurs !

Écrit par : Ray | lundi, 19 septembre 2005

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