samedi, 19 mars 2005
La lecture
Etre ivre de silence, de mots… Les mots sont pareils au silence, les mots quand ils sont justes et beaux renvoient au silence, tout d’un coup le calme dégage de la page, s’insinue tout autour, on rentre en soi, et miracle le monde est là, pas comme on l’avait abusivement cru dans le continuel tapage ambiant, non c’est autre chose, une certaine épaisseur de vérité, une épaisseur curieusement légère, extraordinairement dense, vivace, vivante, épanouie, durable pour peu qu’on lui prête vie, là, maintenant, une présence à soi, aux autres et au monde.
19:14 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
C'est très beau, et très vrai je trouve.
Lire, c'est s'unir aux mots, les écouter, les goûter, et profiter du monde qu'il crée avec et par nous.
... j'aime beaucoup ta note :)
Écrit par : Mab | samedi, 19 mars 2005
Oui, mais pas n'importe quel silence. Pas LE silence, mais un certain silence, celui d'où sourd le sens, une qualité du silence, un rythme. Car d'autres formes de silence vont du vacarme assourdissant de la logorrhée au vide d'une absence sans mot, de la déréliction au délire, salle des pas perdus à jamais. Alors oui, silence de la lecture, le silence comme milieu vital du retour et de l'élan, de la création.
Allez hop ! Encore une ligne de paracétamol pour la route ?
Écrit par : J.-J. M. | samedi, 19 mars 2005
Quel paix de vous lire ; ça ressource, merci.
Écrit par : Calou | samedi, 19 mars 2005
Le silence... Quel luxe. J'habite un endroit isolé, très calme. Le mercredi matin, je suis seul à la maison. Je m'offre parfois le luxe du luxe : habiller le silence en écoutant, par exemple, les concertos pour violoncelle seul de JSB.
Écrit par : Eric Dejaeger | samedi, 19 mars 2005
Absence prolongée
Le silence n’a rien de beau parfois,
C’est du silence,
De la mort sans musique,
De l’absence pure, ni vitesse
Ni lenteur, personne, pas de peau,
Juste le silence.
Et ça dure depuis l’entassement ancien
Des nuits sans paroles,
Depuis la première étoile morte,
Depuis le premier chagrin.
Cela dure comme rien d’autre.
Alors les mots, les lettres, les poèmes,
C’est comme vouloir rayer d’un coup d’ongle
Le cristal au doigt momifié
D’une reine égyptienne qui ne souriait jamais.
Peut-être faudrait-il briser ce doigt
Et l’emporter à minuit au cœur de la ville,
Quand tout est possible encore
Sauf
Briser le silence.
Francis Dannemark, Dans les jardins mouillés, éditions Cadex 1995
Écrit par : Calou | samedi, 19 mars 2005
"Nous ne parlions pas. Que disent deux coeurs qui s'aiment ? Rien. Mais nos yeux exprimaient tout."
Lautréamont
Écrit par : Eric Dejaeger | dimanche, 20 mars 2005
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