mardi, 19 novembre 2024
Life, de Keith Richards
Étonnante autobiographie du fameux guitariste des Rolling Stones. Livre foisonnant, plutôt maîtrisé, avec ce qu’il faut de distance, mais aussi de sincérité. Cet homme a tout traversé, le vertige du succès, la folie qui a entouré le groupe, cette époque de bouleversements et la drogue, très présente. Son vrai moteur a toujours été la musique, son arme un solide bon sens et son garde-fou un système immunitaire très développé. La musique, donc ; en ce début des années 60, une ambition : devenir le meilleur groupe anglais de rhythm’n’blues américain, oui mais voilà, en 1963, un vent de folie se lève, la « beatlemania » crée un appel d’air considérable. Les Stones eux, avec leur approche plus rugueuse et qui veut rester proche de ses racines, seront un groupe de rock and roll et bientôt le plus grand. Les idées sont fulgurantes. Keith décrit avec gourmandise la naissance des riffs immortels de Satisfaction, Jumpin' Jack Flash et autres Honky Tonk Women. Il en est le créateur, avec les mots qui les accompagnent, Mick Jagger composant le reste des paroles, celles des couplets en général. Le travail en studio est souvent laborieux, avec les apports des autres musiciens et les innombrables prises nécessaires pour certains morceaux alors que pour d’autres la première est déjà la bonne.
Puis Keith Richards raconte son addiction à la drogue, dix ans de galère. Dont il reconnaît néanmoins (en ne conseillant à personne d’en passer par là), qu’en l’extrayant du cirque infernal dans lequel la célébrité a propulsé le groupe pour se consacrer uniquement à la musique, elle l’en a préservé. Il y a bien sûr sa relation avec Mick Jagger, complicité totale sur le plan créatif, qui s’est dégradée quand Mick (comme Brian Jones d’ailleurs à la fin de sa vie) s’est laissé aspirer par le vedettariat et les paillettes.
Ce qui a sauvé Keith Richards c’est sa simplicité, sa fidélité en amour et en amitié, une forme de détachement par rapport aux événements, son ouverture aux autres et la priorité absolue donnée à la musique au milieu du maelstrom qui aurait pu mille fois le noyer. Cet homme est un roc. Belle leçon de life.
Raymond Alcovère, extrait de Funambule, 20 ans de Autour des Auteurs, vient de paraître
Photo : les mains de Keith Richards
10:17 Publié dans Critique, Vient de sortir | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : keith richards
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