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vendredi, 12 août 2022

Une brume opaque

FZQRkFpXEAAmEQy.jpgUne brume opaque couvrait le ciel. Le jour s’en allait lentement. Il n’y aurait pas de crépuscule mais une nuit lourde, obscure installée comme chez elle. Je me laissais aller à ne plus penser, envahi par les effluves marins. Restait le noir désir. J’étais une parcelle de cet univers-là, fluide et transparent, un grain de sable perdu sur la plage, repoussé sans cesse par la vague, refusant de prendre le large.
Je la retrouvai allongée sur le lit. On a fait l’amour jusqu’au matin, dans une atmosphère de soufre. Avec ce tressaillement sur la peau, devenue électrique. De nouveau, mes espoirs, mes craintes, mes peurs, mes désirs se sont brisés en mille morceaux. J’aurais tout donné pour le droit de vivre des minutes comme celle-là. J’en étais sûr, rien ne s’arrêterait, il n’y avait plus de sommeil, seulement elle et moi. On est allés décrocher les étoiles une à une dans le ciel, on les a emportées dans un grand sac, puis semées à nouveau. Elles se sont déployées dans une configuration différente.
On a dû dormir à un moment et elle est repartie dans l’aube grise. Je l’ai accompagnée à l’autocar. Je flottais dans de la ouate. Le décor du quotidien devenu factice. Seule comptait la force des sentiments. On était silencieux, mais beaucoup de mots rôdaient entre nous, là, diffus. Parfois l’un d’entre eux se dessinait en lettres de feu, emplissant l’espace, au point de battre les tempes, à les marquer au fer rouge. C’était le mot amour ou une de ses conjugaisons. Des doutes rôdaient aussi, plus chez moi, du moins je le croyais. Où était la réalité, mystère... A la gare de Montpellier, le train est parti silencieusement.
Le Bonheur est un drôle de serpent, roman, extrait, Raymond Alcovère, Lucie éditions, 2009

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