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vendredi, 20 février 2015

Dico de bord (extrait)

Beaumarchais_reference.jpgJe viens de terminer un livre de bord construit sous la forme d’un dictionnaire. Il fait le tour de tout ce qui me tient à cœur, m’a construit, rassemblé sous la forme d’un abécédaire : noms communs, mais aussi lieux, femmes et hommes célèbres, écrivains, peintres, musiciens. Les « définitions », nourries de nombreuses citations, ont des dimensions très variables : entre une ligne et trois pages. En voici une :

Beaumarchais

 

Sa vie est un roman : musicien, auteur dramatique, éditeur, courtisan, agent secret, homme d’affaires, trafiquant… Avec La Folle journée ou Le Mariage de Figaro, il remporte le plus grand triomphe de toute l’histoire de la Comédie Française. À l’image de son créateur, Figaro est : « ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux… avec délices ; poète par délassement ; musicien par occasion, amoureux par folles bouffées… » « Que les gens d'esprit sont bêtes ! » Écrira-t-il. Voltaire a dit de lui : « Quel homme ! Il réunit tout, la plaisanterie, le sérieux, la raison, la gaieté, la force, le touchant, tous les genres d’éloquence ; et il n’en recherche aucun, et il confond tous ses adversaires, et il donne des leçons à ses juges. » Maître en ironie, Beaumarchais a écrit ceci sur la censure : « Pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement sous l’inspection de deux ou trois censeurs. » Il annonce et prépare la Révolution (à laquelle il a adhéré avant d’être banni) par cette fameuse tirade du Barbier de Séville : « Aux vertus qu’on exige d’un domestique, votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets ? » On sait moins qu’il fut le premier à obtenir la reconnaissance des Droits d’auteur, tournant décisif dans l’histoire de la littérature : avant lui l’écrivain était bénévole ou dépendait du bon vouloir d’éventuels mécènes. Et puis ceci, délicieux, toujours dans Le Mariage de Figaro (préface): « Quel diable d’homme, et qu'il est contrariant ! Il dit du bien de tout le monde ! » 

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