Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 16 février 2011

Le Désert de l'iguane

423092730_L.jpg.gif"Brutale éclate la stridence d'une sonnerie sciemment prolongée par le maton du kiosque, nouant les nerfs sous le cocon soudain crevé des chauds bien-être en oubli... Bondir du lit ?... Une gageure... Mais se laisser lentement remonter à la surface, délaissant pour douze heures les oniriques profondeurs, et prendre pied sur le rivage-punition... Poser un orteil audacieux... Un autre... Sadiquement bercé... Brutalisé par le vacarme... Bruits de verrou qui claquent et harcèlent... Beuglement des brutes à cravate, barbares soucieux de jeter bas ces bon dieu de Bandits des bras complices de Morphine (et tous ces dérivés), louche déesse de l'A.P., l 'Administration Pénitentiaire, où l'austère Pandémonium qu'il ne faudrait pas prendre pour les berges balinaises... Et se lever enfin, vacillant, ouvrir en grand les deux battants de la lucarne du clapier, et respirer, et regarder..."

 

Alain Dubrieu, dans « Le désert de l’iguane », raconte avec son style flamboyant mais sans rien cacher de la vérité ses dix ans passés en prison. Dans la mouvance des années 70 et du gauchisme, il avait participé à des casses, tout en refusant la violence sur la personne. Dénoncé, il était tombé. Au lieu de se tenir tranquille et d’attendre les remises de peine, il deviendra actif dans la constitution des comités de prisonnier et ne bénéficiera d’aucune remise de peine. C'est ce processus qu'il décrit dans "Le désert de l'iguane" :  l’univers de la prison et ses mécanismes. Pierre Torreilles, poète et fondateur de la librairie Sauramps à Montpellier lui avait donné sa chance en l'embauchant comme libraire. J’ai rencontré Alain, les dernières années de sa vie, on a participé ensemble au roman collectif « 13, cours des chevaliers du mail ». Il ne s’est jamais remis de ces dix années. Il avait une aversion profonde pour l’injustice et n’a jamais accepté les compromis. Après avoir été un des auteurs phares du néo-polar dans les années 70, et fait un peu tous les boulots de l’écriture (nègre, auteur de romans érotiques),  il était pratiquement oublié à la fin de sa vie. Il publia notamment, sous forme de pamphlet, avant de mourir : « Citadelles de l’oubli », un nouveau et actualisé réquisitoire contre la prison.

Gallimard, collection La noire

On peut voir Ici Alain Dubrieu, invité d'Apostrophes, en 1979

18:05 Publié dans Critique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : alain dubrieu

Commentaires

C'est vrai que si j'allais passer deux ou trois en prison plutôt que de perdre mon temps avec de futurs délinquants dans une ZEP, j'écrirais plus et peut-être mieux.

Écrit par : Éric | mercredi, 16 février 2011

Les commentaires sont fermés.