vendredi, 13 mars 2009
Violence
Des jeunes gens encagoulés pénètrent dans un lycée à Gagny. Ils cherchent quelqu’un qu’ils vont sérieusement tabasser et blesser. C’est une danse misérable avec barres de fer et couteaux. Le lendemain, en Allemagne, un jeune homme de 17 ans entre dans un collège et commence à tirer au pistolet, tuant, avant d’être abattu par la police, une quinzaine de personnes. Si ces phénomènes, notamment le dernier, se passaient aux Etats-Unis, cela nous paraîtrait presque banal. Mais la violence qui commence à éclater dans la société notamment à l’école tendrait à prouver que c’est le système social tout entier qui est touché en profondeur. On nous parle tous les jours, en temps de crise, du malaise de la jeunesse, de son sentiment de n’avoir désormais aucun avenir, et par la même occasion, on sait bien que l’organisation de la répression et de la résignation est mal cachée par les bonnes paroles ou les pseudo-effets d’annonces contradictoires de tel ou tel ministre. Je suis jeune, j’ai l’impression que tout est bloqué pour moi, je ne crois plus un mot de ce qu’on me raconte, je sens autour de moi une atmosphère empoisonnée de conformisme et de bêtise, mon existence n’a plus aucun sens, et surtout pas celle que les différents pouvoirs prétendent lui donner. Remède radical : les Mémoires de Claude Lanzmann, sous le titre le Lièvre de Patagonie. Ce livre, qui décrit une grande vie, est d’abord un chef-d’œuvre littéraire. Au contraire de tout ce qui se passe aujourd’hui, Lanzmann écrit : «J’aime la vie à la folie, cent vies ne me lasseraient pas.»
Philippe Sollers, Libération du 12 mars 2009
Picasso, La femme qui pleure
00:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sollers, picasso, violence
Commentaires
""Je suis jeune, j’ai l’impression que tout est bloqué pour moi, je ne crois plus un mot de ce qu’on me raconte, je sens autour de moi une atmosphère empoisonnée de conformisme et de bêtise, mon existence n’a plus aucun sens, et surtout pas celle que les différents pouvoirs prétendent lui donner"""
Il pense vraiment que les jeunes pensent comme ça, Sollers?
J'ai acheté Libé hier mais je n'ai pas encore lu son "article". Je crois que les écrivains ont trop d'imagination pour comprendre ce qui se passe dans les banlieues :-)) J'ai lu l'article de Darrieussecq, en revanche.
Ca me déplait qu'on fasse référence aux US dès qu'il y a un problème de violence en France. Je viens d'y passer 6 mois dans des maisons où les portes restaient ouvertes jour et nuit, et où on laissait la clé de la voiture sur le siège..... Les écrivains se nourrissent parfois de clichés éculés.
Écrit par : marie | vendredi, 13 mars 2009
Il est vrai que notre société pourrait se payer "le luxe" d'essayer de penser du sens au lieu de ne penser que de la richesse, cela donnerait des appuis autre que la consommation et le plaisir à un débutant dans la vie. Mais c'est très compliqué car penser du sens est contre nature, l'homme est avant tout un animal, donc agressif pour obtenir et garder son os et avide de dominer. Donc tout cela passe avant tout par un problème d'éducation, d'affection et de reconnaissance dont n'ont pas bénéficié certaines personnes ce qui les empêche de sortir de leur condition animal. Le libre arbitre n'est pas inné, c'est l'éducation et le fait d'avoir des barrières où prendre appui qui lui permet de naitre. Le libre arbitre, c'est l'homme. L'homme capable de créer un monde, et non de survivre dans un environnement.
Écrit par : Jacki Maréchal | vendredi, 13 mars 2009
Les évolutions commencées depuis de nombreuses années sont manifestement (c'est le mot !) en train d'éclore ; d'aucuns diraient "le processus de dévastation en cours", et dont la crise (ou la faillite) du système financier n'est probablement que la concrétisation ; nous voilà à la croisée des chemins ; est-ce que violence l'emportera, c'est en effet à craindre ! IL y a urgence à inventer d'autres modes de vie et de comportement, le chantier est immense !
Écrit par : Ray | samedi, 14 mars 2009
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