vendredi, 01 février 2008
Comment être chinois ? Réponse de Flaubert
« J'ai un casque de fer sur le crâne. Depuis 2 heures de l'après-midi (sauf 25 minutes à peu près pour dîner), j'écris de la Bovary. Je suis à leur Baisade, en plein, au milieu. On sue et on a la gorge serrée. Voilà une des rares journées de ma vie que j'ai passée dans l'Illusion, complètement, et depuis un bout jusqu'à l'autre. Tantôt, à six heures, au moment où j'écrivais le mot attaque de nerfs, j'étais si emporté, je gueulais si fort, et sentais si profondément ce que ma petite femme éprouvait, que j'ai eu peur moi-même d'en avoir une. (...) N'importe, bien ou mal, c'est une délicieuse chose que d'écrire ! que de ne plus être soi, mais de circuler dans toute la création dont on parle. Aujourd'hui, par exemple, homme et femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt, par un après-midi d'automne, sous des feuilles jaunes, et j'étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu'ils se disaient et le soleil rouge qui faisait s'entre-fermer leurs paupières noyées d'amour. »
Gustave Flaubert, Lettre à Louise Colet, 1953
Willem de Kooning (1904-1997) Sans titre (1956-58)
Pastel et collage sur papier (51 x 37)
A Louise Colet. 23 décembre 1853.
00:20 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Flaubert, De Kooning
Commentaires
Mais... nos petits-enfants seront chinois ou ne seront pas.
La Chine s'est réveillée...
FRICFRICFRICFRICFRICFRICFRICFR...
Bonne nuit !
Écrit par : Éric | vendredi, 01 février 2008
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