dimanche, 21 janvier 2007
l’Embarquement pour Cythère : un tableau comme une portée musicale
Crépuscule grimant les arbres et les faces,
Avec son manteau bleu, sous son masque incertain;
Poussière de baisers autour des bouches lasses...
Le vague devient tendre, et le tout près, lointain.
La mascarade, autre lointain mélancolique,
Fait le geste d'aimer plus faux, triste et charmant.
Caprice de poète - ou prudence d'amant,
L'amour ayant besoin d'être orné savamment
Voici barques, goûters, silences et musique
MARCEL PROUST, "Antoine Watteau", dans "Portraits de peintres" ("Portraits de peintres et de musiciens", Les Plaisirs et les Jours)
« L’ingénuité métaphysicienne de Novalis, la tendresse fiévreuse de Chopin, le sourire parfois tragique de Laforgue, la beauté idéaliste de Mozart, la passion pastorale de Schubert, tout cela est situé dans le pays que Watteau a extrait de la nature, et au fond duquel, avec une émotion indicible, on entend le Murmure de l’Invitation au voyage. » (Camille Mauclair)
05:16 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art, peinture, littérature, Watteau, Cythère
Commentaires
Combien ces textes donnent à rêver, au-delà de ces délicieux carnets que vs ns offrez aussi... En fait il y a ici tous les voyages !
Ce qui est étrange, chez Watteau, c'est son goût pour les petits formats. A tel point qu'on le lui avait reproché et il peignit alors son "Gilles", et quelques autres, ce Pierrot peut-être comme un pied-de-nez à ses détracteurs ! On retrouvait bien là son penchant pour la Comedia dell'Arte...
Mais quel novateur pour l'époque : inédites, ses couleurs vénitiennes qui contrastaient avec sa mélancolie, ses scènes légères. David ne tarderait pas afin de remttre bon ordre ds tout ce joli fouillis, avec le néo-classicisme. David, parent de Boucher et qui avait rêvé de baroque, peut-être sa nature profonde inspirée par le Maître.
Écrit par : endora | lundi, 22 janvier 2007
Oui cet "embarquement", en vrai, au Louvre, est véritablement inouï ; j'y ai passé un moment inoubliable cet été ; en plus là où il est placé, la foule est peu nombreuse (agglutinée plutôt dans l'aile Denon). Quant à ce Gilles, j'avoue ne pas arriver à percer son mystère ; si quelqu'un a une idée...
Écrit par : Ray | lundi, 22 janvier 2007
Poussières de baisers autour de bouches lasses tellement vrai et tellement triste...
Écrit par : ariaga | lundi, 22 janvier 2007
Vous connaissez peut-être, Ray, mais voici un site sur le propos, qui pourrait vs intéresser ...
http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=360
Écrit par : endora | lundi, 22 janvier 2007
Oui je l'avais lu, mais ce texte me laisse quand même sur ma faim, c'était le but sans doute, sur son mystère... Nous sommes en plein ésotérisme !
Écrit par : Ray | lundi, 22 janvier 2007
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