dimanche, 05 février 2017
La France est le pays des accomplissements imprévus
"La France est le pays des accomplissements imprévus. Toutes les contradictions, comme des fleuves, coulent vers elle. Elle les intègre et les assimile, non sans mal, dans des synthèses instables qui, sans arrêt, se métamorphosent. C'est le pays des fins qui s'ignorent. Drôle de royaume révolutionnaire, évoqué par Rimbaud dans Illuminations :
"Un beau matin, chez un peuple fort doux, un homme et une femme superbes criaient sur la place publique : "Mes amis, je veux qu'elle soit reine !" "Je veux être reine !" Elle riait et tremblait. Il parlait aux amis de révélation, d'épreuve terminée. Ils se pâmaient l'un contre l'autre. En effet ils furent rois toute une matinée où les tentures carminées se relevèrent sur les maisons, et tout l'après-midi, où ils s'avancèrent du côté des jardins de palmes."
Philippe Sollers, Beauté, p 158
Photo de Fred Stein
11:31 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, philippe sollers, fred stein
vendredi, 27 janvier 2017
Saut
"L'art, la littérature, contrairement à ce qu'on vous a appris, n'ont jamais été des choses "humaines", et ni le marxisme ni la psychanalyse ne peuvent les ramener à une trame anthropologique - historique, physique, biologique ou pulsionnelle - commune. Ni les "masses", ni l'"inconscient" ne peuvent les contenir. C'est bien le moins que le diable se mette quelque part, à découvert, au service de Dieu. Dans la religion de la science, c'est plutôt le contraire : mais Dieu n'étant pas mort, et la mort étant devenu votre dieu, le moment est venu de se demander pourquoi l'athéisme est, finalement, si peu érotique."
Ph Sollers, Grand beau temps
Photo de Richard Avedon
03:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
vendredi, 23 décembre 2016
L'affaire Jésus
Picasso, Crucifixion
20:45 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : picasso, philippe sollers, jesus
mardi, 23 août 2016
Langage
« Nous sommes vraiment les animaux lourds et laboureurs de notre langage qui nous possède d'une façon beaucoup plus fine, beaucoup plus virevoltante, beaucoup plus explosive que nous nous permettons de le penser ».
Philippe Sollers
05:43 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langage, philippe sollers
dimanche, 24 juillet 2016
Une horloge où toutes les heures sont égales
« La désorientation est constante, ponctuelle, courbée, systématique, mais n’engendre aucun désordre, au contraire. L’espace est simplement doublé et organisé en reflet, comme un échiquier. Les canaux, les piquets, les ruelles, les quais, les bateaux, les places, les ponts, les puits, le dallage même, orchestrent cette mise en scène géométrique. Le temps, lui, ne peut être, à chaque instant, que vertical, étagé, feuilleté, poudroyant, ouvert. Venise est un entrelacement de chemins qui ne mènent nulle part et qui se suffisent à eux-mêmes ; une horloge où toutes les heures sont égales » : Philippe Sollers, Eloge de l’infini
Photo de Michael Kena
02:56 Publié dans Grands textes, Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, philippe sollers
lundi, 16 mai 2016
Diable !
« Mais me direz-vous, avec une spontanéité candide, le Diable n'existe pas. En effet. Mais sa fonction est justement de faire croire que ce qui n'existe pas existe. Le non-être est, voilà sa répétition. Le non-être pourrait être ? Il est possible que le non-être soit ? Les mortels se laissent pénétrer et convaincre. Prince de ce monde, bien sûr, puisque ce monde n'est que celui de l'opinion à propos de ce qui n'est pas. Aller en enfer, signifie : vous aurez à souffrir, comme si vous étiez, de ne pas être. Diable veut dire étymologiquement : qui divise. »
Philippe Sollers, Le secret.
20:58 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
jeudi, 28 avril 2016
Dans les choses de la pensée
"Dans les choses de la pensée, il faut toujours prévoir un pôle positif et un pôle négatif, sans quoi on s'égare, on croit au bien et au mal, et on n'est jamais par-delà, c'est-à-dire au lieu où l'on peut "divinement" comprendre ce qui se passe chez les mortels."
Philippe Sollers
18:39 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philippe sollers
samedi, 09 avril 2016
Bonheur
"Par bonheur, on entend, dans l'ordre qu'on veut, le plaisir et la connaissance."
Philippe Sollers, Le Cœur absolu
Matisse, Odalisque, 1923
01:53 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : matisse, philippe sollers, bonheur
samedi, 26 mars 2016
Ruse géniale
"A la fin de sa vie, ruse géniale, Proust fait dire au narrateur de la Recherche qu'il va se mettre à écrire. La mort est là, et il a des milliers de pages derrière lui. C'est fini, et pourtant il commence. Le mot "temps" prend ici une majuscule, le Temps, retrouvé, avant d'être définitivement perdu. Il compare son oeuvre à venir (alors qu'elle est faite) à une cathédrale ou, plus modestement, à une robe. Cette embardée, du gothique à la mode, est sensationnelle, et la faute de goût est énorme. Peu importe, vous avez entre les mains un chef-d'oeuvre écrit en 15 ans, de 37 à 52 ans, alors que la durée de la rédaction nocturne aurait dû demander un siècle."
Philippe Sollers, L"Ecole du mystère
Photo de Ansel Adams
03:42 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust, philippe sollers
dimanche, 29 novembre 2015
Voilà la Cité sainte, assise à l’occident
Paris. « Voilà la Cité sainte, assise à l’occident. » Après le 13 novembre, vendredi noir, j’ai eu envie de relire L’orgie parisienne ou Paris se repeuple de Rimbaud :
Ô lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares !
Le soleil essuya de ses poumons ardents
Les boulevards qu’un soir comblèrent les Barbares.
Voilà la Cité sainte, assise à l’occident !
Rimbaud a écrit cela en mai 1871, au lendemain de la Semaine sanglante. Cela résonne étrangement aujourd’hui après que de tout autres « barbares » ont sévi.
19:49 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les voyageurs du temps, philippe sollers
mardi, 15 septembre 2015
Tous les hommes méritent d'avoir un nom
"Socrate est immortel;
Or Socrate est un homme;
Donc tous les hommes méritent d'avoir un nom."
Philippe Sollers
Photo de Sam Abell
04:40 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
jeudi, 03 septembre 2015
Le temps n'a jamais été
"Le temps n'a jamais été perdu ni retrouvé. Il n'a jamais été. Il n'a jamais été ce qu'il est. A chaque instant. Au-delà des cadrans, des montres. Malgré les astres. A travers les astres, les désastres. Candor illaesus... Blancheur intacte... Gravée, dessinée, sculptée, peinte, emportée, chantée...
23:47 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : temps, philippe sollers
mercredi, 02 septembre 2015
Venise
"Venise est une seule église traversée par l'eau"
Philippe Sollers, Paradis
22:08 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, venise
mercredi, 26 août 2015
J’ai une maladie : je vois le langage.
L’écriture de Barthes se reconnaît aussitôt : elle frappe visiblement l’oreille. Découpée, mate, retenue, elle semble s’éloigner de ce qu’elle dit en l’annulant par avance. « J’ai une maladie : je vois le langage. »
Philippe Sollers
http://www.pileface.com/sollers/spip.php?article812
03:48 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roland barthes, philippe sollers
mardi, 25 août 2015
Zone obscure
"Écrire consiste donc le plus souvent à remplacer l’objet de notre émotion par un objet qui nous appartienne en propre et dont nous soyons, comme auteur, la zone obscure. L’inexprimé se trouve maintenant en nous par rapport à notre ouvrage, et non plus en notre modèle par rapport à nous. On écrit pour changer le mystère de place, le transplanter en soi, en transformer le contenant, pour être soi-même le prolongement de ce qu’on exprime à grand-peine, pour se débarrasser de tout le reste (qui est donc littérature)."
Philippe Sollers, Une curieuse solitude
14:55 Publié dans écriture, Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
mardi, 18 août 2015
Un autre corps
A la longue, la main qui écrit vient d'un autre corps qui enveloppe et comprend le corps, ses déplacements, sa flexibilité, ses respirations, ses courbures, ses oublis, ses ondes, sa buée d'ondes. La durée, comme un orage, est mise à distance.
Philippe Sollers, Le secret
04:33 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
mercredi, 05 août 2015
Clandestinité
« Je suis persuadé qu’il ne se passe jamais rien d’intéressant entre un homme et une femme, sauf quelque chose qui implique immédiatement la clandestinité. » : Philippe Sollers
20:58 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
samedi, 25 juillet 2015
La Salute, à Venise
Deux coupoles, deux campaniles, mais l’église est ronde, elle tourne sur elle-même à l’intérieur, alors qu’à l’extérieur elle donne l’impression d’atterrir puissamment, comme le char céleste d’une divinité.
La Salute a ses oeuvres d’art (Titien, Tintoret), mais, bizarrement, n’en a pas besoin. Elle se suffit à elle-même (grand lustre comme un pendule d’observatoire).
C’est le seul monument vénitien qu’on peut admirer pour lui-même et son vide.
Philippe Sollers
23:26 Publié dans Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : salute, venise, philippe sollers
dimanche, 19 juillet 2015
Le verbe
"Le verbe est au-dessus de la pensée et la pensée doit y remonter"
Philippe Sollers, extrait de Paradis
01:58 Publié dans Grands textes, illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers
mardi, 05 mai 2015
Les femmes de Manet
"Chez Manet, les femmes sont partout : Victorine Meurent, Berthe Morisot, Méry Laurent, etc. (...) C'est très difficile de peindre une femme qui tient le coup ! C'est extraordinairement difficile !"
Philippe Sollers, La Révolution Manet
21:27 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manet, philippe sollers