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samedi, 15 janvier 2022

Passionnément

Philippe Sollers, Nicolas Bell« Si vous aimez quelqu’un, aimez-le passionnément et à tout instant, c’est le temps en personne qui vous aime. »

Philippe Sollers, Carnet de nuit

Photo : Nicolas Bell

lundi, 19 juillet 2021

Venise, voilà son secret

Stefano Avolio, Philippe Sollers« Venise, voilà son secret, est un amplificateur. Si vous êtes heureux, vous le serez dix fois plus, malheureux, cent fois davantage. Tout dépend de votre disposition intérieure et de votre rapport à l’amour.
L’amour ? Oui, et dans tous les sens : anges et libertinage, architecture, peinture, musique, roman, poésie, mais aussi air, pierre, eau, étoiles. Nature et culture enfin à égalité. »

Philippe Sollers, dictionnaire amoureux de Venise

Photo : Stefano Avolio

vendredi, 25 juin 2021

Dévoiler

« Il y a une roue de l'espèce humaine, et elle est voilée. Que vous appeliez ça le péché originel, diable au travail, mauvais arrangement des atomes, discordance entre les sexes, chute dans les phénomènes, exil de l'âge d'or, oubli de l'Être, volonté dévastatrice de l'univers, complot des cellules et, finalement, peur de la mort, on aboutit toujours à la même conclusion dans cette vallée de larmes. Dévoiler veut alors dire simplement remettre la roue en roue libre, à tombeau fermé, redresser le bâton que vous percevez tordu dans l'eau, rectifier la vue dans le temps, apprendre à voir en courbe : « Apprendre à voir en courbe, afin d'anticiper du regard la vue de la Terre promise, où mène une voie sinueuse, un chemin à travers la prairie du malheur », comme me le souffle mon ami Empédocle »

Philippe Sollers, Une vie divinePhilippe Sollers, Empédocle

mardi, 28 avril 2020

Le Secret (Philippe Sollers)

Philippe Sollers, le secretOn s’en rendra compte probablement plus tard, mais c’est l’écrivain français le plus important de la période. Il propose une vision du monde complète et homogène, sans rien laisser de côté, en rassemblant et harmonisant des univers aussi vastes et divers que la Chine, la Grèce, le 18ᵉ, la peinture, la poésie, la musique, la religion catholique, la sexualité ou la politique. Toujours sous forme d’ouverture, il offre à lire ou regarder, notamment grâce à un sens consommé de la citation, nombre d’écrivains, penseurs et artistes : « Il n’y a qu’une seule expérience fondamentale à travers le Temps. Formes différentes, noms différents, mais une même chose. Et c’est là, précisément le roman. » Audace de pensée, originalité, esprit critique, sens de la formule, de l’esquive et de l’attaque. Avec lui, la poésie n’est pas séparée de la pensée, ni de l’action. Il ajoute, provoquant : « La poésie, c’est la guerre. » S’inspirant de Sun Tzu : « Si vous connaissez vos ennemis et que vous vous connaissez vous-même, mille batailles ne pourront venir à bout de vous. » Sa stratégie est clairement posée : « Ce que l’ennemi attaque, je le défends, ce qu’il défend je l’attaque. » Le difficile bien sûr est de connaître l’ennemi. Il le décrit dans Éloge de l’Infini : « Car l’Adversaire est inquiet. Ses réseaux de renseignement sont mauvais, sa police débordée, ses agents corrompus, ses amis peu sûrs, ses espions souvent retournés, ses femmes infidèles, sa toute-puissance ébranlée par la première guérilla venue. Il dépense des sommes considérables en contrôle, parle sans cesse en termes de calendrier ou d’images, achète tout, investit tout, vend tout, perd tout. Le temps lui file entre les doigts, l’espace est pour lui de moins en moins un refuge. Les mots « siècle » ou « millénaire » perdent leur sens dans sa propagande. Il voudrait bien avoir pour lui cinq ou dix ans, l’Adversaire, alors qu’il ne voit pas plus loin que le mois suivant. On pourrait dire ici, comme dans la Chine des Royaumes combattants, que « même les comédiens de Ts’in servent d’observateurs à Houei Ngan ». Le Maître est énorme et nu, sa carapace est sensible au plus petit coup d’épingle, c’est un Goliath à la merci du moindre frondeur, un Cyclope qui ne sait toujours pas qui s’appelle Personne, un Big Brother dont les caméras n’enregistrent que ses propres fantasmes, un Pavlov dont le chien n’obéit qu’une fois sur deux. Il calcule et communique beaucoup pour ne rien dire, l’Adversaire, il tourne en rond, il s’énerve, il ne comprend pas comment le langage a pu le déserter à ce point, il multiplie les informations, oublie ses rêves, fabrique des films barbants à la chaîne, s’endort devant ses films, croit toujours dur comme fer que l’argent, le sexe et la drogue mènent le monde, sent pourtant le sol se dérober sous ses pieds, est pris de vertige, en vient secrètement à préférer mourir. » Son livre fondateur, outre Paradis, est Femmes, avec cette fameuse phrase : « Le monde appartient aux femmes. C’est-à-dire à la mort. Là-dessus, tout le monde ment. » Le Cœur absolu, Le Secret, Les Voyageurs du temps, l’Étoile des amants, Guerres secrètes sont les autres sommets de son œuvre. Ses recueils d’articles : La Guerre du goût, Éloge de l’infini, Discours parfait et Fugues, permettent d’explorer son univers et la diversité de ses sources d’inspiration. Son écriture déborde de légèreté et d’ironie quand il écrit pour la presse (textes regroupés pour certains dans Littérature et politique). Son but, toujours, inciter à lire : « Mauvais rapport avec le langage, mauvais rapport avec l’Être : c’est la même chose. » La question est centrale : « C’est dans les textes que s’opèrent les identifications décisives. » « Savoir lire, c’est aussi pouvoir tout lire sans rejets et sans préjugés : Claudel et Céline, Artaud et Proust, Sade et la Bible, Joyce et Mme de Sévigné. Prouvez-le, montrez que vous n’êtes pas un esprit religieux. Savoir lire, c’est vivre le monde l’histoire et sa propre existence comme un déchiffrement permanent. Savoir lire, c’est la liberté ». Il n'a de cesse de bousculer les idées reçues, ce qui lui vaut tant d'ennemis, notamment avec « le catholicisme comme négation de la religion » que Jean-Hugues Larché commente ainsi : « L'écrivain maintient que le catholicisme est un athéisme et que la religion catholique est celle qui contient le moins de religion. » Ces mots dans Le Secret le résument bien : « J’aime écrire, tracer les lettres et les mots, l’intervalle toujours changeant entre les lettres et les mots, seule façon de laisser filer, de devenir silencieusement et à chaque instant le secret du monde. N’oublie pas, se dit avec ironie ce fantôme penché, que tu dois rester réservé, calme, olympien, lisse, détaché ; tibétain en somme… Tu respires, tu fermes les yeux, tu planes, tu es en même temps ce petit garçon qui court avec son cerf-volant dans le jardin et le sage en méditation quelque part dans les montagnes vertes et brumeuses, en Grèce ou en Chine… Socrate debout toute la nuit contre son portique, ou plutôt Parménide sur sa terrasse, ou encore Lao-Tseu passant, à dos de mulet, au-delà de la grande muraille, un soir… Les minutes se tassent les unes sur les autres, la seule question devient la circulation du sang, rien de voilé qui ne sera dévoilé, rien de caché qui ne sera révélé, la lumière finira bien par se lever au cœur du noir labyrinthe. Le roman se fait tout seul, et ton roman est universel si tu veux, ta vie ne ressemble à aucune autre dans le sentiment d’être là, maintenant, à jamais, pour rien, en détail. Ils aimeraient tellement qu’on soit là pour. Qu’on existe et qu’on agisse pour. Qu’on pense en fonction d’eux et pour. Tu dois refuser, et refuser encore. Non, non et non. Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir. » Il exalte la poésie, la gratuité, l’amour pour s’opposer à l’Adversaire : « La règle générale est de raconter des amours impossibles, des impasses, des drames, des récriminations, des échecs, et moi je fais le contraire. » Comme il l’a écrit lui-même dans Passion fixe, ses livres ressemblent à des tableaux cubistes, où la réalité est montrée sous des angles différents qui se multiplient avant de se rassembler de sorte que l’apparent désordre laisse peu à peu place à une savante construction. Selon une technique chinoise très ancienne : « Quand on le déroule, ce livre remplit l’univers dans toutes ses directions, et, quand on l’enroule, il se retire et s’enfouit dans son secret. Sa saveur est inépuisable, tout y est réelle étude. Le bon lecteur, en l’explorant pour son plaisir, y a accès ; dès lors, jusqu’à la fin de ses jours, il en fait usage, sans jamais pouvoir en venir à bout. » Dans un entretien avec Philippe Lejeune en 2009, il précise : « Il est fort possible – mais le temps seul le dira – qu'il s'agisse d'une entreprise métaphysique portant sur une expérience très singulière, dont les rapports avec la littérature seraient tangents, épisodiques, dépendant des situations historiques et en tout cas où l'essentiel ne serait pas là. Il ne s'agirait pas de littéraire à proprement parler et peut-être même pas de littérature. » Roland Barthes l'a noté dans  Sollers écrivain : « celui-ci, pratique, de toute évidence, une écriture de vie. »

Raymond Alcovère

vendredi, 30 août 2019

On ne sait de quoi il faut le plus s'étonner chez Titien

Philippe Sollers, Titien« On ne sait de quoi il faut le plus s'étonner chez Titien : sa longévité légendaire, sa maîtrise des événements et des puissances, son sens stratégique des affaires ou, tout simplement (tout simplement!) son génie en peinture résumant celui de Venise et projetant sa lumière intérieure sur tous les tableaux après lui. Contre tous ceux qui ne peuvent voir de vraie réussite que dans l'échec, la réussite de cette vie paraît invraisemblable, elle semble une insulte à nos valeurs religieuses de mort, d'empêchement sentimental, de pauvreté ou de malédiction suicidaire. Rien ne lui fait obstacle : sa croissance est celle du temps lui-même. Comme dans un mythe parfait, jusqu'à sa date de naissance prête à controverse et il est le premier à la dissimuler. Le mystère est pourtant simple : Titien était déjà plus qu'excellent étant jeune (il se vieillissait donc pour paraître sérieux et emporter les commandes, et comme il reste incomparable devenu très vieux, il en rajoute pour avoir la paix, stupéfier ses contemporains et poursuivre à l'écart ses toiles les plus secrètes. » Il passera donc pour le grand vieillard centenaire qui continue jusqu'au bout à peindre, alors qu'il meurt seulement (seulement!) à 88 ans, en pleine épidémie de peste, en 1576. » : Philippe Sollers. Dictionnaire amoureux de Venise.
Titien : l'homme au gant

mardi, 20 août 2019

à l'intuition, à l'instinct, au goût

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« Tout cela se passe sans raisonnements superflus, à l'intuition, à l'instinct, au goût. »
Philippe Sollers, Trésor d'amour

dimanche, 17 février 2019

On naît vieux

sol.jpgExtrait de "Une conversation infinie, Josyane Savigneau Philippe Sollers", vient de sortir

lundi, 24 décembre 2018

Rien n'est plus merveilleux pour l'homme que d'être dans un entier repos

Philippe Sollers"S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là. J'affirme donc tranquillement, et, s'il le faut, contre la planète entière, que rien n'est plus merveilleux pour l'homme que d'être dans un entier repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son être, sa sérénité, sa capacité, sa liberté, sa jouissance, sa plénitude. Immédiatement, il sortira, du fond de son être, l'amusement, la lumière, la joie, la gaieté, la reconnaissance, l'espoir."
Philippe Sollers, Le Secret
Photo : Darusz Kclimczack

dimanche, 12 août 2018

Ecrire...

Df-QEzfUwAA5q6q.jpg« J’aime écrire, tracer les lettres et les mots, l’intervalle toujours changeant entre les lettres et les mots, seule façon de laisser filer, de devenir silencieusement et à chaque instant le secret du monde. N’oublie pas, se dit avec ironie ce fantôme penché, que tu dois rester réservé, calme, olympien, lisse, détaché ; tibétain en somme… Tu respires, tu fermes les yeux, tu planes, tu es en même temps ce petit garçon qui court avec son cerf-volant dans le jardin et le sage en méditation quelque part dans les montagnes vertes et brumeuses, en Grèce ou en Chine… Socrate debout toute la nuit contre son portique, ou plutôt Parménide sur sa terrasse, ou encore Lao-Tseu passant, à dos de mulet, au-delà de la grande muraille, un soir… Les minutes se tassent les unes sur les autres, la seule question devient la circulation du sang, rien de voilé qui ne sera dévoilé, rien de caché qui ne sera révélé, la lumière finira bien par se lever au cœur du noir labyrinthe. Le roman se fait tout seul, et ton roman est universel si tu veux, ta vie ne ressemble à aucune autre dans le sentiment d’être là, maintenant, à jamais, pour rien, en détail. Ils aimeraient tellement qu’on soit là pour. Qu’on existe et qu’on agisse pour. Qu’on pense en fonction d’eux et pour. Tu dois refuser, et refuser encore. Non, non et non. Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir. »

Philippe Sollers

mercredi, 11 juillet 2018

L'espace-temps

"L'espace-temps ? Espace à quatre dimensions dont les points sont des événements."
Philippe Sollers La Fête à Venise

L’image contient peut-être : 1 personne, danse, marche, chaussures et plein air

vendredi, 13 avril 2018

« Venise est une seule église traversée par l’eau » : Philippe Sollers

© Herbert List Reflections of St. Marco Venice, Italy 1953.jpgHerbert List, Reflections of St. Marco Venice, Italy 1953

jeudi, 09 novembre 2017

Simulations

C8WkaQbXcAEqk3Y.jpg"Le monde est en grande partie un théâtre bâti sur des histoires de simulations féminines. Les hommes sont des naïfs qui croient dominer le jeu, ils en sont les dupes."

Philippe Sollers

mardi, 12 septembre 2017

Arbres

FRATINI FRANCO.jpg"Les arbres sont les nuages des mots du ciel"
Philippe Sollers
Photo de Fratini Franco

jeudi, 24 août 2017

France

Au 30 rue de Belleville, la Bellevilloise Paris 1924.jpg« La France est le pays des accomplissements imprévus. Toutes les contradictions, comme des fleuves, coulent vers elle. Elle les intègre et les assimile, non sans mal, dans des synthèses instables, qui, sans arrêt, se métamorphosent. C'est le pays des fins qui s'ignorent. Drôle de royaume révolutionnaire... »

Philippe Sollers.

 

samedi, 05 août 2017

Sport

DGQkhRJUIAA7Zok.jpg« Presque personne ne semble se douter que l’écriture, comme l’amour, la musique,les échecs, les mathématiques, est un sport de haut niveau. Il demande une concentration et un entraînement extrêmes. Il y a des règles: syntaxe, vocabulaire, ponctuation externe et interne, changements de tons, enchaînements, superpositions, ponction. Avant de s’y mettre, un échauffement plus ou moins long est nécessaire. On n’y est pas forcément d’emblée. On n’est pas là où on devrait être. C’est ce que Proust appelle « l’effroyable effort pour rejoindre ». Se rejoindre, le but est là…
Sport ? Mais oui, comme la course ou le saut à la perche. Apparemment, rien de visible, inutile d'expliquer ça à qui que ce soit. Être à sa propre disposition se compose minute par minute, le grain du silence décide de tout. Une mémoire ample et précise vous guide. Il s'agit, comme aux échecs, d'étudier les meilleures parties des professionnels du passé, leurs défenses, leurs contre-attaques, leurs anticipations, leurs coups d’œil, leurs ruses. « Renforcer les points forts, jamais les points faibles », a dit un très grand joueur. Dans une course de fond, on peut attendre longtemps avant de passer en tête, la ligne d'arrivée est dans la tête, le souffle aussi. »
Philippe Sollers, L’École du Mystère

samedi, 22 juillet 2017

Philippe Sollers « SEXUELLEMENT, MACRON A TOUT COMPRIS »

SOLLERS_Ete 2017Technikart2.jpgA lire ici, dans Technikart, été 2017

lundi, 05 juin 2017

Philippe Sollers : merci Trump

Trump_Mao.jpgDonald Pig Trump n’a pas fini de nous étonner. Qu’il soit un porc, à l’image du résidu jamais traité de la substance américaine, ne nous surprend pas vraiment. Autre chose est que ce vociférateur grotesque soit saisi de ce que j’appellerai un hégélianisme malgré lui, à savoir la fondation, par la négativité, de l’ère planétaire. Comme c’était beau d’entendre dans la nuit, dans un yankee parfait, le président de la République française, décrétant, à juste titre, que Paris, dans la transition énergétique, était devenue la capitale de la planète !

La suite ici

vendredi, 31 mars 2017

Régénération

C8DyYn3W0AEVAND.jpg" Être-temps a le don de régénérer : aujourd'hui régénère demain, aujourd'hui régénère hier, hier régénère aujourd'hui, aujourd'hui régénère aujourd'hui, demain régénère demain.
Le temps générationnel est dégénérant. Seuls les dégénérés du temps lui attachent de l'importance. La régénération est un don du temps. Il n'y a ni superposition ni juxtaposition du temps passé et présent. Le temps ne passe pas, il surgit, c'est un feu, une rotation, une combustion. à ceux qui seraient tentés d'immobiliser le temps, on rappelle que " le Bouddha lui-même est temps " ( comme le rat ou le singe ). " Héraclite " est temps, " J.C." est temps, "Génie" est temps, "Bach" est temps. On devrait d'ailleurs dire Temps-Être plutôt qu' Être-Temps."
Philippe Sollers
Cézanne

jeudi, 09 février 2017

C'est toujours la première fois

Philippe Sollers"L'expérience consiste à tout voir pour la première fois. Je demande à Lisa si c'est bien de cette façon qu'elle aborde une partition, qu'elle a déjà jouée pendant des heures, et sa réponse est immédiate : c'est toujours la première fois. Voilà un entrainement spécial, n'importe où, n'importe quand, à propos de n'importe quoi. On se met en état d'étrangeté maximale, on vient de débarquer et d'avoir un corps. Les formes et les couleurs s'annoncent et se prononcent. C'est la première fois que le monde existe. L'Histoire s'efface dans les faits divers."
Philippe Sollers, Beauté, p. 195.
Photo de A. Aubrey Bodine

dimanche, 05 février 2017

Les ombres ne sont pas noires mais bleues

waterlilies_0410_-367-1024x680.jpg"Un jour, alors que personne ne s'y attend, une marée de beauté envahit l'espace. Des types bizarres, qu'on nomme vite "impressionnistes", se mettent à célébrer la nature, l'existence, les pins, les peupliers, les roses, les coquelicots, les pivoines, les nymphéas, les déjeuners sur l'herbe, les femmes respirables et sans voiles, les enfants. On les couvre d'injures, ils insistent. Et puis, ils disparaissent dans l'atmosphère, après avoir prouvé que les ombres ne sont pas noires mais bleues. La nature a rapidement révélé sa beauté. Il est stupéfiant qu'on l'oublie."
Philippe Sollers, Beauté, p 155