samedi, 27 avril 2024
Article sur "Hauts-lieux de l'Histoire dans l'Hérault
Article sur "Hauts-lieux de l'Histoire dans l'Hérault" paru dans l'Agglo-rieuse en mars 2021, signé Jean de Laguionie.
(Conférence samedi 4 mai à 10 H à la Médiathèque Kalliopé de Magalas)
Montpelliérain pur jus Raymond Alcovère - à qui l'on doit déjà des romans et un polar - (8 ouvrages en tout) après avoir signé : "Ces Héraultais qui ont fait l'histoire" signe cette fois "Hauts Lieux de l'histoire dans L'Hérault" chez le même éditeur. Nous invitant tour à tour a emprunté le chemin du Pic Saint-Loup que bien entendu aussi le littoral héraultais. Qui ne fut pas toujours ce lieu de villégiature tel qu'on peut le pratiquer aujourd'hui. Invitation aussi à aller voir du côté de l'île singulière (Sète) et ses incontournables joutes, à visiter l'abbaye de Valmagne, ou la villa gallo-romaine de Loupian ou encore le château de Castries. Mais aussi les Arènes de Lunel, l'ancienne manufacture royale de Villeneuvette ou la grotte des demoiselles à Saint-Bauzille-de-Putois. L'intérêt du présent ouvrage c'est que plus qu'un simple guide "ordinaire", il apporte un éclairage tout particulier sur des faits finalement peu connus ou totalement ignorés. Ainsi si on commence à connaître de plus en plus l'histoire de la migration espagnole, et le douloureux épisode de la Retirada - l'histoire de l 'exode des réfugiés espagnols de la guerre civile fuyant la victoire franquiste dès février 39 - à travers le mémorial du camp de Rivesaltes dans les PO en revanche, bien moins connu est l'épisode du camp d'internement d'Agde.
L'ouvrage d'Alcovère remplit pleinement son rôle d'entretien de la mémoire en remémorant (ou en faisant découvrir) ce haut lieu (et même si réduit d'espace) qu'à été courant des années 60-70 le "Pet au diables" aux Matelles. Endroit dont les bancs de l'époque se souviennent avoir accueillis réception des augustes arrières-trains de Bel ou de Brassens -excusez du peu. Jacques Palliès avait du reste déjà consacré un livre entier à la mémoire de ce lieu et de son génial créateur Jean-Pierre Lesigne (aux éditions de l'Harmattan). On creuse aussi à travers cet ouvrage dans les sous-sol et fondation de l'actuel Rockstore -rue de Verdun à Montpellier- anciennement lieu de culte mais pas pour le dieu rock mais bien temple pour les protestants. A travers les écrits de cet érudit de Raymond on croise aussi Pantagruel envoyé en cure à Balaruc par son diable d'auteur François Rabelais. A propos de Maguelone et de son abbaye, R. A. aurait pu préciser que chaque année -hormis les années de pandémie... - s'y déroule un festival de musique ancienne depuis maintenant quelques décennies de première importance. A propos d'abbayes on part ensuite pour celle d'Aniane et celle de Saint-Guilhem-le-désert. Abbaye de Gellone ayant du reste l'honneur de la photo de couverture du livre. Jean Jaurès n'est pas oublié à travers la place portant son nom comme Jean Moulin du reste dont la célèbre photo de lui portant chapeau à été prise dans les jardins du Peyrou. Alcovère ne pouvait pas passer sous silence le clapas et ses universités dont celle la prestigieuse (connue du monde entier) de médecine particulièrement en cette année anniversaire des 800 ans. C'est sans doute en se souvenant de ce qu'avait affirmé en son temps Valéry Larbaud (1881-1957) que François Truffaut a jeté son dévolu sur la ville pour venir y tourner "L'homme qui aimait les femmes" sorti en 1977. Et même si le poète saluait surtout la "plastique" de la statue des" trois grâces". L'auteur de ces quelques 250 pages nous met également au parfum, n'hésitant pas à faire de la ville une capitale en la matière spécialement vraie entre le XI et XVIII siècle où Paris et Grasse lui seront alors préférés. Difficile de faire l'impasse sur Jacques Cœur. En revanche, le cardinal De Bonzi sentant le souffre est lui moins connu. L'ouvrage ne comporte pas de coquilles apparentes en revanche celle se situant dans la capitale héraultaise à l'angle des rues du Palais et celle de La Coquille est elle parfaitement visible page 107. L'histoire que relate l'auteur de Diane de Ganges morte empoisonnée à l'arsenic le 5 juin 1667 pourrait largement faire l'objet d'un polar en tenue d'époque.Plus loin on est invité à s'asseoir dans le fauteuil de J.B. Poquelin alias Molière à Pézenas. Si nous n'avons guère de nouvelles du Domaine Bonnier de La Mosson situé à un jet de pierres du stade de la Mosson, en revanche on peut en avoir ici. Détour obligatoire par les vignes dont le président étasunien (de 1801 à 1809) Thomas Jefferson fut un chaleureux ambassadeur (l'ayant été lui-même pour son pays entre 1785 et le début des hostilités révolutionnaires). Impossible aussi dans pareil ouvrage historique de faire l'impasse sur la grande révolte et l'incroyable mobilisation de 1907. 600 000 manifestants (et alors que le pays ne comptait alors que quelque 41 M d'habitants. Avène que pourra et surtout pour ceux goûté aux eaux "miraculeuses" de ses bains. Retour aussi dans ce récit sur la découverte en ce début de siècle et au large de la paisible Palavas du trésor de la "Jeanne-Elisabeth" reposant depuis quelques 250 ans dans le fond marin. Le coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte n'aura pas été sans conséquence sur la révolte dans les hauts cantons au mitan du XIXème siècle avec forte répression du pouvoir national en guise de réponse. L'ouvrage se poursuit avec flottant dans l'air une odeur de café en provenance directe des usines Jacques Vabre installé à Lavérune. Qui sait que les marques "Carte Noire" ou "Café Grand-Mère" sortent de là ?! Raymond Alcovère revient aussi sur un fameux loupé, celui, concernant le célébrissime peintre Pierre Soulages toujours habitant avec Colette son épouse les hauteurs du Mont St Clair. Lequel Soulages aurait bien aimé que sa ville d'adoption abrite aussi un musée portant son nom. Mais c'est finalement la ville natale du chantre de l'outrenoir Rodez qui concrétisera la chose. Ce dont elle se félicite depuis chaque jour durant. C'est par un salut à Agnès Varda celle-là même qui immortalisera la "Pointe Courte" sétoise sur pellicule et par aussi, un salut à l'éphèbe agathois que se referme le livre dont la lecture se révèlera un salutaire bain rafraîchissant d'utile savoir.
Jean de Laguionie
10:05 Publié dans Ces Héraultais qui ont fait l'Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les hauts-lieux de l'histoire dans l'hérault
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