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jeudi, 29 mai 2014

MANUEL DE CONTRE-FOLIE

Vous êtes fou, c’est entendu, mais vous n’avez aucune raison de préférer la folie des autres à la vôtre. Celle des autres, vous la connaissez depuis l’enfance, elle est lourde, elle vous suit partout, elle essaye, par tous les moyens, de briser la vôtre, que vous avez la folie (c’est le mot) de trouver enchantée, légère.

Vous avez l’intention d’être clair, précis. Il faut que ce Manuel puisse vous servir en toutes circonstances, dans les situations les plus imprévues. La folie est un tourbillon continu, la contre-folie doit être un contre-tourbillon constant. Poison ? Contre-poison. Blessures ? Cicatrices, Cauchemars ? Extases programmées. Mauvaise humeur ? Rires. Problèmes d’argent ? Augmentez les dépenses.

La folie vous guette ? Vous la devinez. Elle s’exprime ? Vous faites le mort. Elle augmente son bruit ? Montez la musique. Elle rentre chez vous comme si elle était chez elle ? Sortez, disparaissez, revenez. Inutile d’opposer à la folie la raison, le bon sens, la décence, la compassion, le respect, le souci de l’humanité ou de l’autre. Par définition, même avec des discours « humains », la folie est furieuse. Elle n’en a pas l’air, mais ça va venir. Cet orage vous surprend ? Cette agression vous gêne ? Vous avez des progrès à faire, c’est urgent.

Plus vous vous sentez à l’aise avec votre folie, plus la folie générale est désorientée par votre existence. À l’aide de votre contre-folie, vous lisez dans les pensées des fous qui se croient normaux. Ils se répètent, vous divaguez. Ils insistent, vous changez de sujet. Ils vous accablent de clichés, vous leur récitez des poèmes.

Le silence réprobateur des fous vous fatigue. Vous en rajoutez donc dans la gratuité, la désinvolture, le narcissisme épanoui. Vous blasphémez allègrement les poncifs moraux, vous dites du mal de toutes les religions et des plus grands philosophes. Avec les folles, pas d’efforts à faire : elles parlent tout le temps, c’est commode. Vous ponctuez de temps en temps, tout en pensant intensément à tel détail de tableau ou de paysage. Vous faites semblant d’être là, vous êtes dehors, et vous oubliez instantanément ce qu’elles viennent de dire. Supposons que vous soyez écrivain : vous avez une phrase à finir, c’est le moment, en plongée, d’écouter mieux sa cadence. Malgré le bruit, ça s’écrit. Comme elles ne lisent rien, vous êtes tranquille.


La folie fait du cinéma, votre contre-folie est astrophysique. La matière noire vous émeut, la découverte du boson vous comble, le néant marche avec vous dans la rue. Vous aimez les enfants, dont la contre-folie est évidente. On tente sans arrêt de les rendre fous, mais ils multiplient les incartades, les jeux de mots idiots, les maladies, les chagrins rentables. Ils sont là pour aggraver la folie de leurs parents, des éducateurs, des maniaques sociaux. Ces emmerdeurs-nés enfantins sont coriaces. Vous êtes comme eux, mais, vous, vous allez le rester contre vents et marées. Ils grandissent, vous rapetissez, ça y est, vous êtes maintenant un atome invisible. Pas besoin de dissimuler, vous êtes caché.

Vous êtes récusé, gardez-vous d’accuser. Vous savourez ce rejet, cet hommage. Plus la folie vous oublie, plus elle s’inquiète de son oubli. Elle sent que son temps est compté, pesé, divisé, alors que vous avez atteint la durée. La folie a besoin de se renouveler pour se répéter, la contre-folie, au contraire, est immuable, comme les mathématiques ou les pyramides sur lesquelles passe soudain un vent frais. Vous êtes dans le désert, servi par des anges. Votre retraite est introuvable, les oiseaux et les papillons vous aiment. La lune, toutes les nuits, vous sourit.

Encore des factures, des rappels à l’ordre, des chèques à remplir, des prélèvements en tous genres ? Vous payez selon votre contrat avec la folie. Après tout, c’est votre employée. Ne soyez pas grossier ni méprisant avec elle, le mépris est un mauvais placement, une faiblesse qu’il faut éviter. Vous ne méprisez personne, vous comprenez. Vous payez vos impôts, vos dettes, vous êtes un citoyen irréprochable, un virtuose de duplicité. Vous ne mentez pas, vous omettez. La vérité est un manteau sombre, une déesse que vous avez rencontrée. Dans votre vie, au fond très simple, les calculs se font d’eux-mêmes, les chiffres se débrouillent seuls, l’ordre règne sans avoir à se prononcer. Vous avez faim ? Vous mangez. Soif ? Vous buvez. Sommeil ? Vous dormez. 

Philippe Sollers, Médium, Gallimard, 2014, p. 45-48.

mardi, 27 mai 2014

Le puits initiatique du palais de la Regaleira, à Sintra, Portugal

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22:50 Publié dans Histoire, Photo | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 26 mai 2014

Amour

amour.jpgLa durée moyenne d'un câlin entre deux personnes est de 3 secondes. Mais les chercheurs ont découvert quelque chose de fantastique. Quand un câlin dure 20 secondes, il y a un effet thérapeutique sur le corps et l'esprit. En effet un câlin sincère produit une hormone appelée "l'ocytocine", aussi connue comme l'hormone de l'amour. Cette substance présente de nombreux avantages pour notre santé physique et mentale, et nous permet, entre autres, de se détendre, de se sentir en sécurité et de calmer nos craintes et l'anxiété. Ce merveilleux apaisement est offert gratuitement chaque fois que nous avons une personne dans nos bras, qu’on berce un enfant, ou que nous chérissons un chien ou un chat, ou que nous dansons avec notre partenaire, ou que nous nous rapprochons de quelqu'un ou que tout simplement tenons le bras d’un ami.

01:48 Publié dans amour | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : spiritualité, amour

samedi, 24 mai 2014

Et même un certain sens de l’apostolat horticole

"Je bichonne mes géraniums. À la tombée du soir, je bassine le tilleul, qu’il profite au maximum de la fraîcheur toute relative de nos nuits d’été. Midi est d’une barbarie qui brûle tout par ici ; minuit, guère plus amène, offre parfois le bref répit d’une manière de courant d’air. C’est un tourment quotidien et quasi permanent dans cette encoignure de province où ne poussent que des cailloux et crève tout le reste que s’acharner à faire fleurir un bégonia ou vouloir conserver un peu de son éclat au feuillage du tilleul. Je m’y emploie cependant avec beaucoup d’abnégation et même un certain sens de l’apostolat horticole. Ne voyez dans cet aveu nulle prétention de ma part ; ce serait là, j’en ai parfaite conscience, surajouter à l’inutile de mon existence sottise et ridicule."

Pierre Autin-Grenier, extrait de 11 inédits pour le Banquet, éditions Verdier

Qui est qui ?

 Vous savez, j’avais fait le pari de citer intégralement les Poésies de Lautréamont dans mes propres livres. C’est maintenant chose faite, et cela passe très bien. 

 

Philippe Sollers 
Entretien avec la revue Pylône, Bruxelles, 2 décembre 2003 

mercredi, 21 mai 2014

Comédie du livre 2014

29_comedie_du_livre.jpgJe serai présent à la comédie du livre 2014, à Montpellier, sur le stand Sauramps, vendredi 23 mai

Plus d'informations ici

 

Ils existent, la preuve...

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12:03 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : extra-terrestres

lundi, 19 mai 2014

Le monde d'aujourd'hui

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Singing

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17:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 15 mai 2014

A ecouter en Podcast : Rien compris au rock and roll

rien-compris-au-rock-and-roll-gf.jpgSur Radio Aviva par Marie-Laure de Noray-Dardenne

Maison

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mercredi, 14 mai 2014

La découverte d'un vide créateur

Dans le rapport entre la Chine et le baroque, il y a cette indication que les deux perturbent, en l'englobant, toute l'histoire de la métaphysique. Et cela par le fait qu'il y a introduction brusque de la découverte d'un vide créateur, qui fonctionne aussi bien par l'évacuation de toutes les formes que par leur exaltation.

Philippe Sollers, Grand beau temps

samedi, 10 mai 2014

Danse

"La littérature est une forme de danse, vous savez, de la pensée dansée."

Charles Dantzig

20:48 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : charles dantzig

In love we geek

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19:27 Publié dans amour, Art | Lien permanent | Commentaires (0)

Actu

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11:44 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Nouvelle science

"Dans la nouvelle science, chaque chose vient à son tour, telle est son excellence."

Lautréamont, Poésies

04:25 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lautréamont