samedi, 31 août 2013
L'automne, déjà !
L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.
L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.
Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !
- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !
Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !
Suis-je trompé ? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi ?
Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.
Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?
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Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.
Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !
Il faut être absolument moderne.
Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.
Rimbaud, avril-août, 1873.
07:30 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud
dimanche, 25 août 2013
Corricolo !
Pulvérisation, éclatement d’images, de mots. Un dragon menaçant scintille dans les eaux basses du port. La Mergellina encore. Naples se donne ici des airs d’ île grecque placide, recroquevillée au milieu de la grande mer. Procida... Envie de courir, jouer, lever les yeux, les bras au ciel. Je suis incapable de rentrer ce soir, j’ai plutôt envie de traverser la ville, comme Dumas dans son corricolo, virevoltant. Loué une calèche Riviera di Chiaia, et vogue la galère ! J’ai donné au guide tout ce que j’avais, joué les touristes naïfs, me moque du monde entier, voudrais embrasser l’air que je respire, la mer qui frémit à côté, les gens que je croise. Voilà le Palais Royal, insolent, lugubre, le San Carlo, brillantissime, l’ombre de Stendhal bien sûr, Via Toledo, un concert de lumières, de cris, chatoiement de feu, enfin la montée vers San Martino.
Là, mon cicérone m’abandonne. J’ai envie de rire, lui dit qu’il peut bien partir. Il trouvera d’autres touristes à ramener ou peut-être vit-il là, ou n’est-il qu’un gnome, ou le diable, peu importe !
Enfin seul, je laisse mes yeux respirer, se brûler aux lumières de la ville, du port, des îles. J’aimerais que tout s’arrête, mon bonheur est parfait, c’est l’instant où tout se concentre, juste avant le Big Bang. La mer frissonne, donne des baisers au vent, au ciel, une langue de feu lèche l’horizon.
Raymond Alcovère, extrait de "Fugue baroque", éditions n & b, 1998
17:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 18 août 2013
Pensée contemporaine
" La forme de la pensée contemporaine consiste en une vaste réinterprétation de toutes les formes de pensée, de culture ".
Philippe Sollers
Manet, La Prune
11:36 Publié dans citation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : edouard manet, philippe sollers
mercredi, 14 août 2013
Voyage voyage
« Le seul véritable voyage ce ne serait pas d’aller vers d’autres paysages, mais d’avoir d’autres yeux. »
Marcel Proust
13:07 Publié dans illuminations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel proust
mardi, 13 août 2013
Avenir ou passé ?
00:41 Publié dans Papillote | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marcel duchamp
lundi, 12 août 2013
Gaieté
18:44 Publié dans Grands textes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean de la fontaine
A paraître, le 26 octobre...
Histoires vraies en Mer Méditerranée, Papillon rouge éditeur, sortie le 26 octobre 2013
10:52 Publié dans Histoires vraies en Mer Méditerranée | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoires vraies en mer méditerranée
jeudi, 08 août 2013
Sur le champ !
"Allez au Louvre, et restez quelques instants devant le tableau de Léonard de Vinci, La Vierge, l’enfant Jésus et sainte Anne. Si, devant cette douceur bouleversante, vous ne devenez pas sur le champ catholique, je ne peux plus rien pour vous » (Philippe Sollers, lepoint.fr, 15 février 2013)
10:29 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 07 août 2013
Le gamin qui veut nettoyer les océans
16:21 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 05 août 2013
Je joins les mains errantes de la nature
17:08 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cezanne
jeudi, 01 août 2013
Soif ?
08:47 Publié dans humour | Lien permanent | Commentaires (2)