mardi, 07 juin 2005
C'est ce qui est vaincu d'avance qui le plus souvent l'emporte
Pourquoi ne pas l'avouer : ma préférence, toujours, va vers ce qui vacille, chancelle, flageole et menace à tout instant de sombrer. L'apparente faiblesse d'un feu finissant en braises soumises est autrement encourageante que la danse désordonnée des flammes au coeur d'un immense brasier. Ce maigre filet d'eaux résurgentes, s'écoulant silencieux et fragile à travers des éboulis de roches, vaut le prétentieux fracas des grands fleuves à leur entrée dans les villes.
Ce qui paraît inébranlable et robuste, dans sa détermination même n'est nullement assuré de parvenir au but. Au contraire, le précaire porte en lui toutes les ressources de la foi et toutes les promesses de l'effort.
Qu'on le veuille ou non, c'est ce qui est vaincu d'avance qui le plus souvent l'emporte.
Extrait de : "Les radis bleus", Pierre Autin-Grenier, Folio Gallimard.
(D'autres extraits des Radis bleus à lire ici)
00:10 Publié dans littérature | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
après houllebecq ça permet effectivement de respirer.merci.
Écrit par : pascal | mardi, 07 juin 2005
Oui mais c'est bon d'avoir le souffle coupé de temps en temps aussi !
Écrit par : Ray | mardi, 07 juin 2005
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